Par Simon Laquerre, directeur général du Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue, pour le journal La Frontière
Le ministre des Ressources naturelles et de la Faune a récemment déposé un projet de loi visant une refonte en profondeur du régime forestier québécois. La Loi sur les forêts, qui date de 1986, a fait son temps et montre de sérieuses lacunes qu’il faut impérativement corriger. S’il est accepté, le projet de loi – présenté comme une révolution – sera introduit progressivement d’ici 2013. Plusieurs des changements proposés méritent d’être soulignés, notamment en ce qui a trait aux modes d’attribution des bois et à une certaine décentralisation de la gouvernance. Toutefois, très peu d’intérêt est accordé aux questions environnementales.
Le gouvernement a l’intention de créer des zones de sylviculture intensive : des endroits voués à la production prioritaire de fibre de bois. On souhaite implanter ces zones de façon progressive, jusqu’à atteindre 15 à 20 % du territoire forestier productif. Procéder à l’identification de territoires voués à la sylviculture intensive sans avoir préalablement complété le réseau d’aires protégées revient à fonctionner à l’envers. Il ne faudrait pas que les zones de sylviculture intensive s’ajoutent aux contraintes qui ralentissent déjà le processus d’identification de nouvelles aires protégées.
Le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre 12 % de territoires protégés d’ici 2015. Cette cible est bien modeste comparée à celle de la sylviculture intensive. Or, on nous promettait que le fait de sacrifier de très faibles superficies à la sylviculture intensive permettrait en retour la protection de superficies beaucoup plus importantes. Ce revirement de situation est inquiétant et laisse présager des temps difficiles pour les amants de la nature souhaitant préserver quelques joyaux pour les générations futures.
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Révolution à contresens
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