Bouts de bois vs bois debout

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Par Simon Laquerre, directeur adjoint du Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue, pour le journal La Frontière


 

Comme solution partielle à la crise qui secoue l’industrie forestière québécoise, le gouvernement a lancé un plan de mise en valeur de la biomasse forestière : les troncs, les cimes et les branches laissés au sol après une coupe forestière. Cette biomasse pourrait être utilisée pour le chauffage et la production d’électricité ou de biocarburant. Cela contribuerait à réduire la dépendance du Québec envers le pétrole et à soutenir le développement économique des « régions ressources » en ces temps difficiles. De plus, cela permettrait de réduire la pression sur l’utilisation des céréales pour la production d’éthanol, ce qui ferait redescendre les prix de ces denrées vitales pour une bonne partie de la population mondiale.

Cet engouement soudain pour la biomasse forestière devrait cependant être envisagé avec précaution. La récolte des résidus forestiers peut appauvrir le sol par la perte des éléments nutritifs qui auraient été libérés lors de leur décomposition. La productivité des peuplements forestiers peut même en être affectée et les arbres qui repousseront sur les sites où la biomasse aura été récoltée pourraient croître moins vite et devenir moins gros que prévu. Il faut donc que les recherches sepoursuivent pour mieux définir les niveaux de récolte, particulièrement dans les zones sensibles (sites à sol mince, sableux ou acides).

Chose certaine, la biomasse forestière vouée à la production d’énergie doit provenir de résidus, et non d’arbres entiers qui seraient beaucoup mieux valorisés dans la filière du sciage, ou même en restant debout, comme puits de carbone ou comme réserves de biodiversité. Évitons de scier la branche sur laquelle on est assis ! Chaque arbre mérite d’être utilisé à son plein potentiel. Sinon, laissons-le debout !

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