Opinion – La révolution technologique a changé la face de l’humanité – La prochaine révolution économique sera durable

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Par Daniel Dezainde,
Président et fondateur de Génos Consultants


Récemment, les médias nous ont rappelé que la fameuse « grande toile » (Internet) avait été créée il y a de cela quarante ans. Quelle merveille!

À vrai dire, comment pourrait-on envisager de vivre aujourd’hui sans Internet et sans toute la gamme des technologies qui ont été développées et qui servent à nous faciliter la vie?

La révolution technologique a sans contredit changé la face de l’humanité un peu comme la révolution industrielle l’a fait plus d’un siècle auparavant.

Nous sommes au début du 21e siècle et nous sommes forcés d’admettre que les progrès sociaux et économiques qui ont été enregistrés au cours des dernières décennies ont été de loin les plus rapides et les plus profonds de l’histoire de l’humanité.

La population humaine a franchi le cap des sept milliards de personnes et les prévisions démographiques laissent entendre que cette courbe de croissance n’est pas à la veille de fléchir, en particulier dans les pays en voie de développement et dans les pays dits « émergents ».

Cette croissance phénoménale de la population est assortie d’une croissance somme toute similaire des besoins de consommation et son corollaire : les capacités de production. Cela nous amène directement au cœur du défi auquel nous sommes et serons confrontés.

Notre façon de vivre, de produire et de consommer dans nos pays industrialisés s’est façonnée à l’enseigne de la facilité, de l’abondance et du jetable. La planète sur laquelle nous vivons ne suffit plus à répondre à nos demandes. Nous consommons plus de ressources naturelles en une année que la Terre n’est capable d’en générer pendant cette même période.

 

Plus qu’une crise économique : une sonnette d’alarme

La pression que nous imposons à notre environnement est comparable au cycle infernal de l’endettement qui se termine la plupart du temps par la disparition pure et simple de ceux et celles qui n’ont pas su se raisonner.

La dernière année a été particulièrement fertile en exemples pour illustrer le coût et les impacts de la démesure. La plus importante crise économique depuis celle des années 1930, a fait des millions et des millions de victimes économiques.

La culture du jetable, de l’immédiateté et la cupidité d’une poignée d’individus ont entraîné vers un gouffre abyssal, des pays, des entreprises et des milliards d’hommes et de femmes. Bien que les grands gourous du système se relaient depuis quelque temps pour nous rassurer et pour nous dire que le pire est derrière nous, personne n’ose s’avancer pour prétendre qu’un jour nous parviendrons à effacer les pertes économiques et sociales engendrées par cette crise.

Encore pire et c’est là le plus important, personne ne semble vouloir établir de véritable diagnostic de ce qui est arrivé. Cela pourrait au moins nous permettre de nous préparer afin d’éviter une prochaine crise.

 

L’enjeu est clair, il a pour nom : notre survie

Dans les faits, la crise actuelle n’est que le pâle reflet de ce qui nous attend si nous ne nous engageons pas immédiatement à revoir nos façons de consommer, de produire et de gaspiller.

Nous sommes engagés dans une course contre nous-mêmes et seuls, ceux qui accepteront de changer et de s’adapter pourront espérer en sortir vainqueurs. Il faut avoir vingt, trente, quarante, cinquante ou plus de soixante ans pour se rendre compte à quelle vitesse file le temps. Hier encore, on s’inquiétait du bogue de l’an 2000, avant-hier, c’était la naissance du Québec Inc. et la journée d’avant, la révolution culturelle chassait la grande noirceur qui avait recouvert le Québec pendant tant d’années.

Alors, lorsque l’on parle de l’impact des changements climatiques auront sur nos vies, ou de l’industrialisation de super puissances économiques que sont la Chine et l’Inde, il faut cesser de croire que cela relève d’un futur lointain. Déjà nous en subissons les effets et ils n’iront qu’en s’accentuant.

Prenons par exemple les besoins alimentaires mondiaux ou les besoins en eau potable. Alors que la population mondiale augmente, certains choisissent de détourner le maïs pour en faire du carburant ou encore d’utiliser l’eau potable pour extraire du pétrole des confins de la Terre. Tout cela au nom du développement économique.

Les glaciers fondent, le niveau des océans augmente, la désertification s’étend à de nouvelles régions. Il n’en fallait pas plus pour que l’ONU, créé une nouvelle catégorie de victimes qu’elle désigne du titre de « réfugiés climatiques ».

L’enjeu auquel nous sommes confrontés est clair et il a pour nom : notre survie.

 

Les grandes entreprises optent pour le durable : il doit y avoir de l’argent à faire!

Il est encore temps de changer et de nous adapter sans que cela se fasse aux dépens de l’économie, bien au contraire. La prochaine révolution économique sera durable et elle reposera sur la recherche et le maintien de l’équilibre entre les aspects sociaux, économiques et environnementaux de notre société.

Des vœux pieux diront certains, du « pelletage de nuages » répliqueront d’autres, une nouvelle stratégie de mise en marché pour les « verts » résumeront les derniers.

Si tel était véritablement le cas, comment expliquons-nous qu’un bon nombre des plus grandes entreprises de la planète se soient regroupées pour créer le « World Business Council For Sustainable Development »? Comment expliquons-nous que le géant du commerce de détail Wal-Mart demande maintenant à ses 100 000 fournisseurs de préparer et de leur présenter leur rapport de durabilité? Comment expliquons-nous que l’un après l’autre, les gouvernements (comme celui du Québec) se dotent de Lois et de stratégies pour favoriser la prise en compte du développement durable dans le cadre de leurs actions et de leurs décisions?

Le processus est d’ores et déjà enclenché. La nouvelle révolution économique « durable » tisse sa toile. L’opportunité nous est offerte de nous joindre au mouvement et d’apprendre à devenir plus productif, plus juste et plus respectueux de l’environnement. En réalité, ce n’est même pas compliqué. Le développement durable est simplement une façon différente de faire les choses.

Les meilleurs alliés du développement durable des entreprises, ce sont les membres du personnel de ces dernières qui disposent des connaissances et du savoir-faire nécessaire à la mise en place de ces changements et qui ne seront que trop heureux d’ajouter de la valeur à ce qu’ils font déjà.

Dans 40 ans, ceux qui seront encore de ce monde, se rappelleront comment ils auront vécu et contribué à l’avènement cette grande révolution économique durable. J’ai déjà hâte de lire ce qu’ils auront à dire.

 


Daniel Dezainde est Président et fondateur de Génos Consultants, une entreprise spécialisée en développement durable. En octobre 2008, il organisa en collaboration avec les grandes associations de gens d’affaires de la région de Gatineau-Ottawa, le premier colloque régional sur le développement durable des entreprises sous le thème du  « Développement durable : opportunités d’affaires ou affaires d’opportunités ». Il fut auparavant attaché politique auprès de différents élus du gouvernement canadien.
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