Par Simon Laquerre
Directeur général du Conseil régional de l’environnement de l’Abiti-Témiscamingue
Le vieillissement de la population représente une préoccupation grandissante dans la société québécoise. Mais en forêt, c’est le phénomène inverse qui inquiète. En effet, dans son premier bilan de la performance du Québec en aménagement forestier durable (2000-2008), le Forestier en chef révèle que la forêt publique rajeunit. Les arbres sont coupés à un rythme trop rapide et les forêts n’ont pas le temps de vieillir. Selon les pratiques forestières actuellement en vigueur en zone boréale, les arbres sont coupés tous les 100 ans. Une fois tous ces arbres coupés, cela veut dire qu’il ne subsiste plus de vieilles forêts de 100 ans et plus dans le paysage, hormis des aires protégées et des lieux inaccessibles. Historiquement, les vieilles forêts ont toujours formé entre 50 et 70 % de la superficie forestière du Québec. Selon les données les plus récentes, les vieilles forêts comptent maintenant pour moins de la moitié des superficies boisées de la province (46 %). Plus inquiétant encore : ce sont ces forêts qui sont ciblées prioritairement dans les plans d’aménagement forestier. La tendance à penser qu’il ne faut rien perdre ni gaspiller dans nos forêts est encore forte. Pourtant, les vieilles forêts, composées de gros arbres vivants et morts, jouent un rôle important en offrant habitat et nourriture à de nombreuses espèces animales et végétales. Certaines espèces, comme le caribou forestier et la martre d’Amérique, sont même étroitement associées aux vieilles forêts. Heureusement, des stratégies d’aménagement qui visent à laisser mûrir la forêt commencent à faire leur apparition : coupes partielles, maintien d’îlots de vieillissement, etc. Saluons ces initiatives qui permettent de faire place aux vieux… habitats forestiers! |