Par François René de Cotret
Un travail d’équipe La coordonnatrice du projet à la Société de verdissement du Montréal métropolitain (SOVERDI), madame Malin Anagrius, précise que l’objectif du Projet nerprun, au-delà de l’éradication de la plante, est de « motiver les jeunes des quartiers défavorisés à travailler » tout en leur en « apprenant beaucoup sur la nature » et en « les responsabilisant. » Outre un salaire variant entre 10,50 $ et 12,00 $ de l’heure selon l’ancienneté, une formation d’une journée ainsi qu’un cours de premiers soins sont offerts aux étudiants participants. Pour le processus d’éradication, SOVERDI collabore avec deux autres organismes sociaux à but non lucratif, soit le Groupe uni des éducateurs-naturalistes et professionnels en environnement (GUEPE) et les Amis de la montagne. Même si plusieurs étudiants du projet ne reviennent pas l’année suivante car le « travail est physique », explique Lerby, l’ambiance est « très bonne dans le groupe. » Et l’expérience est enrichissante, ajoute-t-il. « On n’est pas tous du même coin et des mêmes origines. […] À force de travailler ensemble, on est rendu comme une famille. »
Des partenaires importants Cette année, ce sont 235 000 $ qui ont été injectés pour éradiquer la plante exotique envahissante dans trois secteurs de la région de Montréal, soit le mont Royal, l’Île-de-la-Visitation et le Bois-de-Liesse. Les partenaires financiers sont la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement (100 000 $), le ministère des l’Immigration et des Communautés culturelles par le biais du Programme Valorisation Jeunesse – Place à la relève (96 000 $), la Ville de Montréal et le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine dans le cadre de l’Entente sur le développement culturel de Montréal (35 000 $) et la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman/Programme C-Vert (4 000 $).
Principale menace à Montréal Résistant à plusieurs niveaux d’ensoleillement et d’humidité, les nerpruns seraient la « principale menace pour les écosystèmes des grands parcs à Montréal », selon la Ville. Le nerprun cathartique, produisant une foule de petites grappes de fruits noirâtres, se reproduit rapidement, aidé des oiseaux qui disséminent ses graines. Pouvant atteindre « jusqu’à six mètres de haut » et ayant des ramifications « jusqu’au ras du sol », l’arbuste a un important impact sur la biodiversité des espèces naturelles au Québec. En provenance d’Europe, « le nerprun cathartique a été introduit [au Québec]pour fins ornementales il y a plusieurs années », raconte l’agronome-botaniste de la MAPAQ Romain Néron. Cet arbrisseau généralement touffu n’a pratiquement pas « d’ennemis naturels dans l’écologie québécoise » et donc « si on ne fait rien, il progresse. » Le botaniste explique sur une fiche descriptive que l’arbuste envahissant est « très présent » à Montréal, Laval, Gatineau, Longueuil, Québec et Sherbrooke. Il est « surtout abondant dans la partie sud-ouest de la plaine du Saint-Laurent, particulièrement dans les régions de Hemmingford, Huntingdon, Godmanchester et de Vaudreil-Soulanges. » Depuis 2008, ce sont « plus de 4 000 plans indigènes » provenant d’une quinzaine d’espèces telles que l’érable à sucre, le chêne rouge d’Amérique, le tilleul d’Amérique et des amélanchiers qui ont été plantés pour remplacer l’envahisseur. Et le taux de survie de ces pousses – qui est d’environ 75 % – est « assez bon », spécifie Mme Anagrius. Toutefois, le travail n’est pas terminé, explique la responsable, car « ça prend cinq ans de coupe de tiges pour épuiser les racines du nerprun complètement. » Fort heureusement, « les subventions de plusieurs organismes participants sont déjà assurées pour l’année prochaine ! », confie-t-elle. |