Par Antonin Besner
Mots-clés : Marche, Transport, Enfants, Obésité, Problèmes de poids
L’adage stéréotypé «Dans mon temps, on marchait trois miles pour aller à l’école» a pris tout son sens au Sommet mondial ÉcoCité de Montréal le 24 août. Selon le conférencier et professeur à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal, Paul Lewis, «les enfants du primaire marchent significativement moins qu’avant pour aller à l’école. Ce qui domine maintenant dans la mobilité des enfants, renchérit-il, est l’automobile et le transport collectif ou scolaire ». Malgré le fait que la majorité des marcheurs dans les milieux urbains et suburbains sont des enfants de 5 à 15 ans, ces derniers abandonnent la marche lorsque l’école est située à plus de 600 mètres, confirme M. Lewis. Cette habitude n’est pas étrangère à la hausse du poids moyen des enfants. De fait, un rapport publié par Statistiques Canada en août 2006 démontre qu’en 2004, 18% des jeunes de 2 à 17 ans avaient un surplus de poids comparativement à 12% en 1978.
La popularité grandissante des écoles privées et spécialisées explique en partie le phénomène. «Les écoles sont souvent plus loin et les parents conduisent leurs enfants en voiture», explique M. Lewis. Les préoccupations de sécurité des parents envers leurs enfants entrent aussi en ligne de compte. La plupart du temps, les enfants vont utiliser le même mode de transport que leurs parents, démontrent les résultats présentés en conférence de presse par le professeur lors du sommet ÉcoCité 2011. Comme solution au problème, Paul Lewis croit que pour ramener les enfants à la marche, il faut sensibiliser les parents. «Il faut ramener les parents aux transports collectifs, à la marche et au vélo», avertit-il. «À l’occasion, plusieurs enfants marchent pour se rendre à l’école; ils pourraient [le faire plus souvent].» Un des moyens pour favoriser la marche et le vélo chez les parents, et donc chez les enfants, est de se réapproprier l’espace public. Jean-François Pronovos, vice-président au développement et aux affaires publiques chez Vélo Québec, abonde en ce sens. «Il faut revoir le partage de la rue, croit-il. Un travailleur sur trois à Montréal vit à moins de cinq kilomètres de son lieu de travail.» Owen Rose, quant à lui, croit que pour sécuriser la route et ainsi augmenter la marche comme mode de déplacement, il faut ralentir les voitures non pas par des signaux, mais par l’aménagement. «Il faut se demander pour qui on fait la route. Les voitures ou les gens?», ajoute M. Rose, président du Conseil d’administration du Centre d’écologie urbaine de Montréal. «On a ri des Américains pendant longtemps [à cause des problèmes de poids de leurs jeunes], mais maintenant le Canada est dans les bons joueurs quant à l’obésité infantile», déplore M. Pronovos. Une alerte qui ne doit pas tomber dans l’oreille d’un sourd. |