Par Chantal Gailloux
Mots-clés: baie d'Hudson, Churchill, Serge Payette, Churchill Northern Studies Centre, climat continent, climat subarctique
Des tourbières noyées au Manitoba « La hausse des températures dans la région de Churchill causera une dégradation majeure du pergélisol », explique Serge Payette, titulaire de la Chaire de recherche nordique en écologie des perturbations à l’Université Laval. Or, les plaines manitobaines à cette latitude sont couvertes de tourbières. « Dans ces tourbières, il y a bien sûr de l’eau, ou plutôt de la glace, et s’il fait chaud, ça va fondre et faire de méchantes flaques d’eau! Beaucoup de tourbières seront détruites, les arbres mourront, il y aura des émanations accrues de méthane .» Au Québec, à la même latitude, « il n’y a pas de basses terres, de tourbières; ce sont des falaises et des plages. Les basses terres commencent plus au sud, dans le coin de la Baie James. » Il croit pourtant que les effets à long terme seront plus marqués au Québec qu’à Churchill. 2°C en 17 ans au Québec « Nos hivers étant plus doux, le réchauffement se manifestera surtout par une hausse des températures moyennes hivernales, même si les étés aussi se réchaufferont. Depuis 1994, grâce à nos 75 stations météorologiques dans la région, on a déjà observé une augmentation de 2°C des températures moyennes annuelles. C’est énorme en 17 ans! C’est la différence entre Montréal et de Québec! » Payette rappelle qu’il peut y avoir une différence d’un mois d’enneigement entre Montréal et Québec: il y aurait donc maintenant un mois de plus de réchauffement par rapport à 1994 dans le nord du Québec.
La perturbation du climat ainsi avérée, les recherches à venir tant au CEN qu’au nouveau CNSC de Churchill voudront en étudier les effets sur le réseau trophique, soit les déplacements des espèces végétales et animales, et en particulier la «désynchronisation» qui risque de se présenter «entre les herbivores et les plantes ou entre les prédateurs et leurs proies». — Pour en savoir plus
— Ce texte a d'abord été diffusé le 26 août 2011 à l'Agence Science-Presse, à la suite d'un contrat de première publication entre GaïaPresse et l'ASP. La journaliste Chantal Gailloux a été invitée par la Fondation W. Garfield Weston pour couvrir l'inauguration du Churchill Northern Studies Centre (CNSC). |