Par Alexandra Nadeau
Mots-clés: Hydro-Québec, ACFAS, hydroélectricité
En ces temps de prises de parole et de protestations au sein de la population québécoise, bien des fonctionnements de notre chère démocratie sont remis en question. Il semblerait qu'à force d'être brisés par l’attitude de l'État, les citoyens commencent à être désabusés et à déclarer haut et fort qu'ils ne sont pas dupes. Malgré que le thème de l'énergie n'ait pas fait la une des journaux depuis un moment, ce sujet demeure riche d'avenir et de controverses. Lors du 80e congrès de l'ACFAS qui s'est déroulé du 7 au 11 mai 2012, Hélène Saint-Jacques, candidate au doctorat à l'UQAR, a présenté l’historique des évènements survenus en lien avec les projets énergétiques depuis la nationalisation de l’électricité. Elle s’intéresse d’ailleurs au rôle que joue l'opinion sociale dans le cadre des développements énergétiques au Québec. Selon Mme Saint-Jacques, la nature et l’intensité des manifestations sociales varient d’une place et d’une échelle à l’autre, mais une chose est certaine, c’est que ces luttes se préoccupent maintenant beaucoup plus de l’impact social qu’environnemental dans ces développements. Le lien est fort entre énergie, économie et politique.
La nationalisation de l’électricitéEn 1963, l’État québécois nationalise l’électricité. Le gouvernement de Jean Lesage donne alors comme mandat à Hydro-Québec, nouvellement créée, d’accorder un caractère collectif à un projet privé. Le projet est unificateur et confère une appropriation symbolique des ressources par le peuple. Toutefois, en 1970 commencent les premières contestations envers les projets d’Hydro-Québec avec les projets hydroélectriques de la Baie James. Au fil du temps, Hydro-Québec favorisera la consommation interne en faisant des partenariats avec les alumineries québécoises, puis favorisera la consommation externe en exportant ses surplus au dépend parfois du portefeuille de la population québécoise, puis favorisera l’efficacité énergétique pour ensuite la décourager… Et au fil du temps, l’opinion publique s’interposera de plus en plus alors que les projets hydroélectriques se multiplient.
Les déficits d’Hydro-QuébecHydro-Québec a bien des raisons d'agir de la sorte, l'une d'entre elles est d'éviter les déficits. Mais qu'entend Hydro-Québec par déficit? Selon les propos qu’a rapportés Mme. Saint-Jacques, le discours comptable d’Hydro-Québec définit un déficit comme un revenu moins grand qu’espéré par la compagnie, comme un gain moindre qu’anticipé. Ce n’est donc plus un déficit absolu, mais plutôt relatif. On est loin de la bonne vieille définition où déficit voulait dire dépenses > revenus. Ce sont d’ailleurs ces «déficits» qui ont amené des hausses des tarifs publiques. Au fil du temps, Hydro-Québec a priorisé sa propre quête de profits au dépend de l’enrichissement de la collectivité. La nationalisation de l’électricité au Québec, se voulant unificatrice à prime abord pour tout un peuple, semble désormais être une source d'«innaceptabilité» sociale.
Du public au privéHélène Saint-Jacques a terminé en affirmant que la gestion actuelle de l'énergie et des ressources s'apparente désormais à un contrôle d'actifs collectifs privatisés par les élites libérales ou néo-libérales. Selon cette chercheuse, les bris cumulatifs qu'a expérimentés le peuple avec ses dirigeants a mené à une augmentation des contestations sociales. Désormais, la population québécoise n'est pas préoccupée avant tout par les impacts environnementaux des projets de développement énergétique. C'est plutôt l'opinion citoyenne et son respect qui est à l'avant-scène.
Source: GaïaPresse |