"L'accident nucléaire survenu à la centrale Fukushima-Daiichi constitue un désastre créé par l'homme et n'est pas seulement le fruit du séisme et du tsunami dévastateurs », a conclu le rapport d’une commission d'enquête mandatée par le gouvernement japonais. Au Québec et au Canada, les médias et les responsables officiels ne semblent guère y faire de cas. Pourtant, notre agence de régulation nucléaire a une longue histoire d'ingérence et de partialité. Bien avant le rapport japonais très troublant, nous avons dénoncé le fait qu'au-delà des problèmes technologiques, des accidents radioactifs chez les travailleurs, des émanations radioactives quotidiennes accumulatives, de l’exploitation uranifère, des déchets, et gouffre financier associés au réacteur nucléaire de Gentilly-2; l'un des principaux dangers est la Commission canadienne de sureté nucléaire. Cette agence, placée sous le joug du ministère fédéral des ressources naturelles est un promoteur partial de l’énergie nucléaire. Pensons seulement à l'ancienne présidente de cette agence, qui fut démise de ses fonctions par le gouvernement fédéral. Ses normes étaient jugées trop sévères par l’industrie, selon Mme Keen. Elle avait obligé l’arrêt de la centrale de Charlk-River en Ontario pour cause de réparations majeures. Elle fut critiquée pour cette décision. Après son renvoi, le réacteur nucléaire fut redémarré à la hâte et des tuyaux se sont fissurés. Plusieurs milliers de litres d’eau hautement radioactive furent déversés dans la rivière Outaouais et la population en fut avisée tardivement. Mme Keen accuse SNC-Lavalin d'avoir fait pression sur les Conservateurs par l'entremise d’une firme de lobby. Cette histoire demeure anecdotique lorsqu’on se met à s’informer sur le sujet.
On ne joue pas avec le nucléaire et encore moins avec la population. L'alarme est rouge et notre colère aussi face à l'indifférence des régulateurs. Nous refusons d'être des cobayes, prisonniers d'une poignée d'actionnaires déconnectés de la réalité et de la sécurité de la population. C’est maintenant que nous devons protéger nos territoires et nos familles des risques nucléaires. L'heure est à la reddition de compte. La Commission canadienne de sureté nucléaire ainsi qu’Hydro-Québec doivent être mis sous tutelle et d’autres acteurs condamnés pour crime contre l’humanité.
La filière nucléaire est l'un des pires scandales scientifiques, financiers et humains de notre siècle. Fort heureusement, l'indignation va grandissante et l'information circule. La municipalité de Champlain, en face de la centrale nucléaire a adopté une résolution demandant le déclassement de Gentilly-2, tout comme Saint-Luc-de-Vincennes. Le maire Drouin de Nicolet, ville située à l’ouest du réacteur, le NPD, Option Nationale (Jean-Martin Aussant), le Parti Québécois, Québec solidaire, une soixantaine de médecins, les CRE de notre région et de l’ensemble du Québec, plusieurs nations autochtones, une centaines d’organisations regroupées au sein du Mouvement sortons le Québec du nucléaire, 320 municipalités du Québec, plus de 14 000 pétitionnaires, des commerçants locaux (je ne parle pas ici des chambres de commerces) et mêmes d’anciens travailleurs et travailleurs actuels de Gentilly-2; tout autant d’acteur sociaux impliqués dans leur milieu de vie qui s’opposent à la réfection… L’heure du nucléaire a sonné. Il est grand temps de se lever et d’exiger l'arrêt d'agir de tout individu, entreprise, institution et gouvernement menaçant notre intégrité physique, territoriale ou démocratique. Les risques et les horreurs du nucléaire sont de plus en plus mis à nu… Reste aux citoyenNEs à le recouvrir d'un grand voile de déclassement.
Source: Sébastien Bois, commissaire des CentricoisES et mauricienNEs pour le déclassement nucléaire