Par Eugénie Emond
Mots clefs : Maoris, kaitiakitanga, développement durable, Andrée Mathieu, Musée de la civilisation
La légende veut que les Maoris soient arrivés en Nouvelle-Zélande à bord d’un canot en provenance des îles Marquises au 8e siècle. Au fil du temps, le peuple, qui représente aujourd’hui près de 13% de la population du pays, a su inculquer aux nouvelles générations l’importance de quitter la terre en laissant les lieux dans un meilleur état qu’à leur arrivée. Du développement durable à la puissance dix. Une philosophie de vie à suivre ? « On commence à peine à gérer nos ressources ici, mais eux ça fait partie de leurs traditions’’, soulignait Andrée Mathieu, diplômée en physique, pédagogie et communication, lors d’une conférence sur le peuple autochtone de la Nouvelle-Zélande et sa relation avec la terre, présentée au Musée de la civilisation de Québec. À force de côtoyer le peuple indigène, la chargée de cours à l’Université de Sherbrooke en est venue à trouver quelque peu étriquée l’idée que se fait l’Occident du développement durable. « Si on revenait à notre intuition et à nos relations qu’on entretient avec la nature, avec notre histoire et notre territoire, l’être humain pourrait s’engager avec cœur dans les changements à venir et comprendre pourquoi il les fait », résume-t-elle.
Kaitiakitanga, gardiens du futurChez les Maoris la notion de durabilité se retrouve dans le principe de Kaitiakitanga. Ce concept se traduit dans la responsabilité qu’ont certaines créatures terrestres d’assister les dieux dans la protection des ressources naturelles et des écosystèmes. Les assistants divins doivent ainsi éduquer les autres êtres vivants sur l’importance de conserver un équilibre entre les différents éléments qui composent leur territoire afin d’assurer leur survie.
Des histoires de pêche comme valeur ajoutéeL’importance de la transmission du savoir est donc primordiale pour la conservation de l’environnement. Andrée Mathieu explique que les histoires des anciens « viennent ajouter une sensibilité aux données scientifiques » pour connaître l’état d’un écosystème ou d’une population d’anguilles, par exemple. Lorsqu’on constate une diminution importante d’une ressource, un moratoire est décrété dans la zone touchée pour permettre à la population de se régénérer.
Une tendance qui perdureLes Maoris ont une connaissance historique du territoire qui leur permet aujourd’hui d’aller récupérer des terres que s’étaient appropriés les Anglo-Saxons à leur arrivée. « Ils sont capables de démontrer le lien avec leur tribu et la terre qu’ils occupent’’, explique la conférencière. C’est que leur généalogie comprend autant les ancêtres que la forêt d’où ils sont issus, les montagnes, les océans et leur contenu. Cette philosophie n’est pas exclusive aux Maoris. Elle se retrouve chez bien des peuples autochtones à travers la planète et dont on aurait avantage à s’inspirer. Leur vision du monde commence même à s’infiltrer dans des entreprises où on applique des principes du Kaitiakitanga aux indicateurs de performance, au grand bonheur d’Andrée Mathieu.
Source: GaïaPresse |