Par Coralie Deny
Directrice générale du CRE Montréal
Crédit photo : Les amis de Meadowbrook |
Une proposition de plan d'ensemble (Plan) pour un nouveau parc-nature urbain et patrimonial ouvert à tous les Montréalais, en lieu et place du golf de Meadowbrook, a été rendu public le 23 avril dernier par les Amis de Meadowbrook, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) et le bureau d'architecture de paysage Catalyse Urbaine. Ce Plan est la preuve du bien-fondé de transformer cet espace vert en parc public.
Le Plan fait rêver, mais un rêve qui peut devenir réalité dans un avenir pas trop lointain; la décision se trouve dans les mains des élus.
Cet espace vert d’envergure (57ha) est comparable en taille au parc Maisonneuve. Il est actuellement un terrain de golf accessible au public créé en 1917 comme zone tampon entre les voies de chemin de fer et les zones résidentielles, rôle qu’il joue encore aujourd’hui avec ses quelque 300m de distance entre les 2 secteurs. Malgré cela, le propriétaire a le projet d’y construire un complexe résidentiel. Exit la zone tampon et ce grand espace vert. Pourtant la Fédération canadienne des municipalités et l’Association des chemins de fer du Canada ont adopté en 2007 des lignes directrices spécifiant le besoin de marge de recul de… 300m entre les nouveaux projets résidentiels et les gares de triage !
Depuis plusieurs décennies, citoyens et groupes militent pour la présentation de ce milieu et sa transformation en parc public. Les Amis de Meadowbrook sont très actifs depuis tout ce temps. Le CRE-Montréal a joint sa voix à ce mouvement.
Dans son mémoire concernant le Bilan 2007-2008 de la Politique de protection et de mise en valeur des milieux naturels (2009), le CRE-Montréal, comme un grand nombre d’intervenants aux consultations publiques, a fait clairement cette recommandation. Le rapport de la Commission permanente du conseil d’agglomération sur les grands équipements et les activités d’intérêt d’agglomération qui en a découlé en juin 2009 s’exprime aussi en ce sens : «la commission est d’avis qu’il faut développer des scénarios visant la protection de ce site et sa conversion éventuelle en grand parc public, en parc-nature ou en écoterritoire.»
Presque 4 ans plus tard…
L’importance capitale de préserver et d’amplifier la place de la nature en ville pour un milieu de vie de qualité (bienfaits multiples de la végétation) fait l’unanimité : experts, médecins, aménagistes, urbanistes, sont tous d’accord. Les élus ont aussi adopté cette vision et le langage qui s’y rapporte : îlots de fraîcheur, assainissement de l’air, rétention de l’eau de pluie, bienfaits psychologique…
De telles valeurs sociétales se retrouvent aujourd’hui dans des documents publiés par les instances décisionnelles, dont plusieurs documents de planification, et s’y incarnent dans des objectifs précis. Une telle position doit évidemment se concrétiser sur le terrain. La protection de Meadowbrook contribuera sans aucun doute à l’atteinte de ces objectifs.
Citons à cet effet, le Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD 2011) et ses objectifs de 17% d’aires protégées (à peine 6% actuellement sur le territoire de l’agglomération de Montréal), de 30% de surfaces boisées et de la mise en place d’une Trame verte et bleue. Le Plan d’action canopée de l’Agglomération de Montréal vise à ajouter 300 000 arbres sur l’île de Montréal en 10 ans. Le Plan de développement de Montréal «Demain Montréal», actuellement en consultation, mise dans ses principes de développement sur le verdissement et l’accroissement de la biodiversité et indique la volonté de créer des parcs.
Les messages sont clairs, il faut maintenant passer à l’action. Meadowbrook fait partie des gestes à poser. Cet espace vert offre une chance unique d’agrandir le patrimoine vert collectif si près du centre-ville dans une partie de la ville qui n’offre rien de comparable à ses citoyens. Un 25e grand parc au réseau montréalais.
Nous n’avons pas trop de parcs à Montréal, bien au contraire. Le ratio moyen estimé pour l’île de Montréal dépasse à peine 1ha/1000habitants. Or la moyenne minimale suggérée est de 4ha/1000habitants. À titre de comparaison, une ville européenne comme Bordeaux atteint déjà 20ha/1000habitants. Montréal a donc de gros efforts à faire.
Le futur parc de Meadowbrook offrira un contact privilégié avec la nature pour l’ensemble de la population montréalaise et plus particulièrement aux résidents du secteur Sud-Ouest qui n'y ont pas accès. Il représente aussi une réserve de biodiversité de grande valeur tant pour la faune que la flore, un accès à une multitude d’activités de plein air avec une piste polyvalente (marche, vélo, ski de fond) de 1,4 km, un sentier permanent pour la marche et le ski de fond de 2,8 km, des sentiers sur pelouse de 2 km, des jardins, un ruisseau, un milieu humide et un amphithéâtre extérieur. De quoi rêver, c’est sûr… le temps que cela devienne réalité !
Le Plan est disponible sur le site web de Les Amis de Meadowbrook www.lesamisdemeadowbrook.org.