Cette semaine, du 24 septembre au 28 septembre s'ouvre à Oman la cinquième session du comité directeur du Traité international des Nations unies sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture, appelé couramment "Traité sur les semences". Ce traité a été ratifié pour faciliter l'accès de tous à la diversité des semences. L'espoir suscité lors de son adoption en 2001 laisse aujourd'hui la place à un constat d'échec.
En effet, par ce traité, l'industrie semencière peut puiser librement et gratuitement dans l'immense trésor des semences accumulées par des siècles de sélections paysannes et enfermer ensuite cette richesse dans ses propres collections privées. Dans le même temps, les collections publiques accessibles à tous disparaissent les unes après les autres et les droits fondamentaux des paysans et des paysannes d'accéder, d'utiliser, d'échanger et de vendre leurs propres semences sont criminalisés. Si les paysans et les paysannes ne peuvent plus garder et sélectionner leurs semences, leurs systèmes de production perdent leur capacité d'adaptation au changement climatique : au-delà de la biodiversité, c'est la sécurité alimentaire du monde entier qui est donc en danger.
Sous la pression des Accords de Libre Échange, les lois semencières ne reconnaissent que les titres de propriété, brevets et certificats d'obtentions végétales, que l'industrie a déposés pour s'emparer de toutes les plantes cultivées. Les paysans colombiens, thailandais, d’Afrique de l’Est, de Chili, d’Europe… l’experiment en ce moment à leurs dépens.
Les paysans et les paysannes n'ont désormais accès qu'aux semences de l'industrie qu'ils doivent racheter chaque année. Ces semences nécessitent pour leur culture un arsenal d'engrais chimiques, de pesticides et autres poisons qui affectent leur santé comme celle des consommateurs. Les paysans doivent donc se battre pour maintenir leurs droits d'accès aux semences traditionnelles.
Comme le montre les exemples récents du Chili et de la Colombie, des victoires sont encore possibles. La mobilisation et la détermination des paysans, a permis d'obtenir un recul des gouvernements. Selon Eberto Diaz du Comité de coordination international de la Via Campesina, “la suspension du décret est une victoire, certes partielle, mais aussi une étape importante pour l'ensemble du mouvement social en Colombie. Le Gouvernement a reconnu que ce sont les paysans et des paysannes qui nous nourissent chaque jour. Cette loi était un attentat contre l'agriculture paysanne”.
Pour la Via Campesina, le Traité doit faire le constat de son échec et cesser de donner gratuitement aux multinationales les semences volées dans les champs des paysans. Les gouvernements qui constituent son comité directeur doivent permettre que dans chaque pays, les paysans et les paysannes puissent continuer en toute légalité à utiliser, échanger et à vendre leurs propres semences. C'est cela que La Via Campesina vient exiger des gouvernements en participant à cette réunion du Traité. Ces droits sont la première condition de la conservation et du renouvellement des ressources phytogénétiques indispensables à notre alimentation. Notre avenir en dépend et c'est la raison pour laquelle la Via Campesina a intitulé sa dernière publication sur les semences : “La Via Campesina : Nos semences, Notre futur“. Elle montre comment le combat quotidien pour les semences se passe d'abord dans les champs. Il est temps que le Traité le prenne en compte.
Source: Via Campesina