De graves problèmes de nutrition affligent plus de la moitié de la population mondiale et les systèmes alimentaires doivent être sensiblement modifiés pour améliorer l'alimentation et la qualité de vie des personnes, ont déclaré les orateurs à l'ouverture d'une réunion organisée par la FAO et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'événement, qui se tient du 13 au 15 novembre, est une réunion technique préparatoire visant à jeter les bases de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition (CIN2), qui se déroulera l'an prochain, du 19 au 21 novembre. L'objectif est de renforcer la coordination internationale axée sur les systèmes agricoles, économiques, sanitaires, alimentaires et autres qui ont des répercussions négatives sur l'alimentation et les modes de consommation, en particulier dans les pays en développement. "Il est clair que les moyens dont la nourriture est gérée aujourd'hui ne donnent guère de résultats satisfaisants dans l'amélioration de la nutrition. Le fait le plus révoltant est que plus de 840 millions de personnes sont encore victimes de la faim de nos jours alors que le monde produit suffisamment de nourriture pour tous, tout en en gaspillant un tiers", a souligné José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO. "Mais le scénario est plus complexe, a-t-il poursuivi. Aujourd'hui, plus de la moitié de la population mondiale souffre d'une forme ou d'une autre de malnutrition, qu'il s'agisse de la faim, de carences en micronutriments ou d'une alimentation excessive". "Le volume total de vivres produits mais non consommés permettrait de nourrir deux milliards supplémentaires d'êtres humains. Le problème est que les politiques actuelles ne transmettent pas aux consommateurs les bons messages sur la manière de manger sainement. C'est sur ce problème que nos efforts devront porter", a ajouté M. Graziano da Silva. Si 842 millions de personnes sont victimes de faim chronique, beaucoup d'autres périssent ou subissent les effets d'une mauvaise nutrition. Quelque 2 milliards d'individus souffrent de carences en micronutriments. Près de 7 millions d'enfants meurent chaque année avant d'atteindre leur 5e anniversaire, 162 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance, et pendant ce temps, 500 millions de personnes sont obèses. Vu l'ampleur de la malnutrition et de son impact sur le développement durable dans son ensemble, le Directeur général a réaffirmé le soutien de la FAO et des deux autres organisations alimentaires basées à Rome – le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) – à l'inclusion d'un but à part entière sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans l'Agenda de développement post 2015, conformément aux recommandations de la Consultation de haut niveau sur la faim, la sécurité alimentaire et la nutrition qui s'est déroulée à Madrid en avril dernier. M. Hans Troedsson, Directeur exécutif du Bureau du Directeur général de l'OMS, a invité à repenser la gestion du système alimentaire, en précisant que l'alimentation jouait un rôle essentiel dans les problèmes de santé au niveau mondial et que les enjeux polymorphes de la nutrition devraient être affrontés à de multiples niveaux, de la petite enfance à la maturité. Si notre souci principal était autrefois la malnutrition des enfants, nous sommes aujourd'hui confrontés à une épidémie d'alimentation déséquilibrée et d'activité physique insuffisante qui entraîne de multiples maux – de l'hypertension artérielle aux maladies cardiovasculaires, au diabète et au surpoids", a souligné M. Troedsson. "Les menaces à la nutrition et à la santé n'ont cessé de s'amplifier et de s'aggraver, et elles ne disparaîtront pas comme par enchantement. Nous devons y faire face dès maintenant, a ajouté M. Troedsson. Les secteurs de la santé et de l'alimentation doivent travailler main dans la main".
Fixer des objectifs clairs"Conscientes du fardeau considérable qu'elle constitue pour des millions d'individus et pour le développement de leurs pays et de leurs sociétés, l'UE et la Commission ont accordé la plus haute priorité à la lutte contre la sous-alimentation dans l'agenda de développement», a déclaré Roberto Ridolfi, Directeur de la Commission de l'Union européenne pour la croissance durable et le développement. Et d'ajouter que l'UE incitait à fixer des "cibles mesurables et assorties de délais" afin de réduire les retards de croissance et les conséquences de la malnutrition chez les enfants, en soulignant que la réunion technique préparatoire devait jouer un rôle crucial en énonçant des indicateurs similaires. M. Rifolfi a félicité les organisateurs de la réunion et autres organismes internationaux en leur qualité "d'alliés stratégiques, à l'échelle mondiale et nationale, soutenant les efforts de plaidoyer sur la nutrition". Quelque 300 experts et représentants des pays se sont rassemblés pour la réunion préparatoire, qui a également vu la participation d'autres institutions des Nations Unies et organisations intergouvernementales, de la société civile, du secteur privé, de la communauté des chercheurs et des associations de consommateurs. La Conférence internationale sur la nutrition CIN2 fera suite à la première Conférence organisée en 1992. Elle a pour vocation de faire le point sur les progrès accomplis jusqu'à présent dans l'amélioration de la nutrition et d'examiner les moyens de renforcer la coordination internationale pour un meilleur impact des politiques et programmes nationaux en matière d'alimentation et de santé. La CIN2 amplifiera l'appel lancé par le Secrétaire général de l'ONU aux dirigeants réunis au Sommet Rio+20 pour l'adoption du défi "Faim Zéro". Elle se propose également de contribuer à donner une orientation générale de l'Agenda de développement post 2015 et à cibler l'Exposition Universelle de Milan (EXPO 2015), placée sous le thème Nourrir la planète, énergie pour la vie.
Source: FAO |
Il faut transformer les systèmes alimentaires pour améliorer la nutrition
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