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Jeudi passé le gouvernement du Québec a annoncé des investissements de 115 millions dans le but d’exploiter le pétrole de schiste à Anticosti. En période d’austérité budgétaire, au moment où les transports en commun sont sous-financés et la lutte aux changements climatiques stagne, le Québec décide de subventionner l’industrie pétrolière sous prétexte de vouloir produire de la « richesse durable » [sic]! Le gouvernement refuse même de mener une évaluation environnementale publique de manière à identifier les nombreux risques liés à l’exploration et la fracturation pour le pétrole de schiste. Le PQ pèse clairement sur le gaz pour exploiter le pétrole…
Pétrole et gaz : deux poids, deux mesures
Pourtant dans le dossier du gaz de schiste le gouvernement a une tout autre attitude. Hier, il a annoncé un BAPE sur les gaz de schiste alors qu’aujourd’hui s’amorce la commission parlementaire chargée d’étudier l’adoption d’un moratoire pour cette industrie. Évidemment, Greenpeace supporte le BAPE et le moratoire sur la fracturation pour le gaz de schiste, mais nous croyons qu’ils devraient s’étendre à tout le Québec et également au pétrole de schiste. Le gouvernement doit traiter le pétrole et le gaz sur le même pied, car la technique de fracturation est essentiellement la même. Greenpeace a d’ailleurs récemment publié le rapport – "Fracking, What's the Evidence?" – présentant une recension des risques et impacts liés à la fracturation pour les gaz de schiste et c’est loin d’être réjouissant.
Rappelons que le gouvernement libéral disait qu’il n’y avait pas de problème avec la fracturation pour le gaz de schiste (on se souvient de l'épisode "pets de vache" de N.Normandeau). La pression populaire a été si forte qu’il a été forcé de mandater le Bureau d’audiences publiques en environnement qui a lui même recommandé de tenir une évaluation environnementale stratégique (ÉES). Les inspections menées par la suite nous ont appris que 19 des 31 puits d’exploration des gaz de schistes fuyaient, donnant ainsi raison à ceux qui comme nous s’inquiétaient. Qui dit que ce serait différent pour Anticosti et le pétrole ?
L’ÉES vient de terminer ses travaux et le ministre de l’Environnement a confié au BAPE le mandat d’évaluer l’industrie du gaz de schistes pour s'assurer d’une « démarche claire, scientifique et transparente qui permettra d'éclairer sa réflexion concernant cette filière énergétique ». L’ÉES nous a d’ailleurs appris que l’arrivée de l’industrie des gaz de schiste au Québec pourrait augmenter les émissions de GES de 23%/année (chiffre impressionnant qui pourrait même être sous-estimé selon nous…)! Donc on a deux BAPE et une évaluation environnementale stratégique pour le gaz de schiste (incluant la phase d’exploration) et nous risquons d’en apprendre encore.
Considérant cela, pourquoi, le PQ refuse d’appliquer la même logique à l’exploration pour le pétrole de schiste et ne mène pas d’évaluation environnementale? Après tout, même nos voisins de Terre-Neuve ont mis en place un moratoire sur la fracturation pour le pétrole et le gaz…
La protection de l’environnement ne doit pas se faire que lorsqu’il y a des humains présents en grande quantité et Anticosti ne doit pas faire exception à cette règle. Le PQ doit donc étendre le moratoire sur la fracturation à l’ensemble de la province, et ce, autant pour le pétrole que pour le gaz. Espérons qu’il s’empressera également de peser sur l’accélérateur pour nous libérer des combustibles fossiles au lieu de le faire pour exploiter le pétrole…
Source: Patrick Bonin