Photo de Bouchecl – Wikipedia commons |
C’est avec enthousiasme et grand intérêt que les équipes de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) et de Stratégies Énergétiques (S. É.) ont pris connaissance du rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec intitulé «MAÎTRISER NOTRE AVENIR ÉNERGÉTIQUE : Pour le bénéfice économique, environnemental et social de tous».
Ce rapport propose un portrait fouillé de l’état de la situation énergétique au Québec, il s’agit d’un travail colossal qui offre une lecture lucide essentielle aux débats sur l’avenir énergétique du Québec. En ce sens et malgré quelques réserves, l’AQLPA et S.É. ne peuvent que se réjouir de constater la qualité du travail effectué et partagent l’avis des auteurs quand ils écrivent «Notre société doit résolument mettre le cap sur la réduction de la consommation d’hydrocarbures fossiles et sur une utilisation optimale des différentes formes d’énergies afin d’en maximiser les avantages économiques pour la population, les entreprises et les régions, dans le respect des principes du développement durable.»
Nous sommes également heureux de constater que plusieurs recommandations du Rapport de la Commission vont dans le sens des demandes maintes fois répétées par nos organisations depuis des années, notamment : La reconnaissance accordée aux changements climatiques et au fait que nous allons rater nos cibles ; l’emphase mise sur les opportunités offertes en efficacité énergétique ; l’importance de développer la filière du biométhane, et de façon générale, la vision intégrée que le rapport propose, axée sur la profitabilité (les bénéfices) pour tous. Bien que certaines propositions de ce rapport ne soient pas toutes partagées par l'AQLPA et de S.É. -production d’hydrocarbures au Québec, pipelines, bourse du carbone, éolienne- dans l'ensemble, force est d’admettre que ce rapport arrive à point nommé et qu’il fait preuve d'une logique à la limite de l'implacable.
«Enfin un rapport sur les enjeux énergétiques qui met au cœur de l’action publique l'incontournable nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre ! La commission a le courage d’aborder les questions politiques taboues liées au mode de développement qui favorise l’étalement urbain et les promoteurs du tout automobile plutôt que les intérêts des citoyens; conséquente, elle propose de prioriser le développement des transports collectifs et de rendre la gouvernance de la maîtrise de l’énergie cohérente avec l’objectif principal à tous les niveaux de gouvernement», affirme Alain Brunel, directeur climat énergie de l’AQLPA.
«Les conclusions de ce rapport rejoignent en partie celles qui avaient émané du débat public sur l’énergie dans les années 1990. Chose certaine, elles reflètent la volonté de la population en matière de développement énergétique ce qui, en soit, est garant de cohérence et d’acceptabilité sociale» a souligné André Bélisle, président de l’AQLPA. «D’autre part, les auteurs soulignent à grands traits l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’abord ici, au Québec, avec une priorité accordée aux transports, et là-dessus aussi, nous sommes entièrement en accord», a-t-il ajouté.
Selon Me Dominique Neuman de Stratégies Énergétiques (S.É.), «la création proposée d'une nouvelle Société pour la maîtrise de l’énergie du Québec (SMEQ) et le rétablissement des pleins pouvoirs de la Régie de l’énergie en matière d'efficacité énergétique viendra corriger l'erreur commise en 2011 lorsque l'Agence de l'efficacité énergétique fut dissoute et que les pouvoirs de la Régie furent charcutés. Le Québec pourra ainsi se doter d'objectifs rigoureux et mesurables de réduction de sa consommation de toutes les formes d'énergie, pétrolière, gazière et électrique.» Me Neuman appuie également la recommandation de la Commission de permettre à Gaz Métro d'investir dans la purification et l'injection de biogaz dans son réseau. «C'est le gaz naturel de l'avenir et nos sites d'enfouissement en produisent à profusion. Nous pourrons ainsi remplacer une part plus grande du gaz importé» ajoute-t-il.
«La commission appelle à une nouvelle révolution tranquille de l'énergie au Québec. L'AQLPA et S.É. ne peuvent qu'y souscrire. Mais la commission souligne aussi que le fédéral a la main haute sur nombre de compétences structurantes en la matière comme les oléoducs, le transport ferroviaire, maritime et aérien, ou l'exploitation du pétrole dans le Golfe Saint-Laurent. Le Québec n'est donc pas totalement maître de son destin énergétique dans le régime constitutionnel actuel,»rappelle Alain Brunel.
Soulignons que ce rapport important est le fruit d'un exercice démocratique d’envergure : 50 consultations publiques dans tout le Québec, plus de 800 personnes et organisations entendues, et plus de 460 mémoires transmis à la Commission. Il est donc dommage qu’il n’ait pas reçu toute l’attention qu’il mérite dès sa sortie. «Si les Québécois veulent cesser de tourner en rond et regarder vers l’avenir, les citoyens doivent absolument se saisir de ce rapport et faire des questions qu’il soulève un enjeu de la prochaine campagne électorale» de conclure Alain Brunel.
Source: AQLPA