Photo de Danilo Rizzuti – Wikipedia commons |
Le troisième volet du rapport 2013-2014 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) porte sur les moyens et stratégies pour diminuer les gaz à effet de serre (GES) à l’échelle mondiale. Le résumé à l’intention des décideurs a été rendu public dimanche à Berlin. Les principaux constats de ce dernier volet sont les suivants:
- Les émissions de GES ont augmenté en moyenne de 2,2% par an de 2000 à 2010, comparativement à une croissance de 1,2% par an de 1970 à 2000. Le total des émissions a atteint 49 milliards de tonnes de dioxyde de carbone équivalent (Gt CO2eq) en 2010. La moitié du cumul des émissions de CO2 depuis 1750 a été émise pendant les 40 dernières années. Les émissions provenant de la combustion des énergies fossiles et des procédés industriels ont contribué à hauteur de 78% à la croissance émissions de GES entre 1970 et 2010.
- Selon le GIEC, les engagements actuels sont insuffisants pour limiter la hausse de la température planétaire moyenne à deux degrés Celsius (°C) d’ici la fin du siècle par rapport au niveau préindustriel, notamment en raison de la hausse prévisible de la population et de la croissance économique qui constituent les principaux facteurs de croissance des émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles. Les scénarios de référence établis à partir des engagements actuels donnent des augmentations moyennes entre 3,7° et 4,8°C.
- Les scénarios avec lesquels il est possible de limiter la hausse moyenne à 2°C correspondent à une concentration d’environ 450 parties par million (ppm) de CO₂ en 2100. Ces scénarios impliquent de fortes réductions globales des GES d’ici 2050 (-40 à -70% par rapport au niveau de 2010) et des émissions de GES à près de zéro, sinon des émissions négatives, d’ici 2100.
- Les scénarios qui atteignent la cible de 450 ppm en 2100 sont caractérisés par des améliorations rapides de l’efficacité énergétique, un triplement sinon un quadruplement d’ici 2050 de la part des énergies à basse ou à zéro teneur en carbone provenant notamment des énergies renouvelables et de la mise en place de dispositifs impliquant la séquestration du carbone. Tout délai dans la mise en place des mesures supplémentaires d’atténuation d’ici 2030 augmentera significativement la difficulté d’atteindre l’objectif et restreindra les options pour y arriver.
- Un nombre limité d’études ont exploré des scénarios permettant de limiter la hausse moyenne des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Ils sont caractérisés par des actions immédiates de réduction des GES; une rapide montée en puissance de toute la panoplie des technologies d’atténuation; accompagnés d’une trajectoire de développement à basse demande en énergie.
- Les développements d’infrastructure qui enferment les sociétés sur des voies intensives en émissions de GES peuvent être difficiles ou très coûteux à changer. Le risque d’enfermement (lock-in risk) est constitué par la durée de vie de l’infrastructure, par la différence avec les émissions associées aux alternatives et par l’ampleur des investissements requis.
- L’amélioration de l’efficacité et les changements de comportement sont des composantes clés dans les scénarios de limitation des GES autour de 450 à 500 ppm en 2100. Car les stratégies de réduction de la demande en énergie les plus économiques reposent sur des changements de comportement à court terme.
- Il y a malgré tout une note d’espoir dans ce rapport. Les scénarios de réduction les plus exigeants entraînent plusieurs effets positifs selon le GIEC. Ils améliorent la santé des populations, facilitent la sécurité des approvisionnements énergétiques, limitent la volatilité des prix, sont créateurs d’emplois, aident à préserver la biodiversité, les ressources en eau, la sécurité alimentaire, à restreindre l’étalement urbain et, de manière générale, conditionnent la soutenabilité de la croissance des pays en développement.
« Le GIEC a maintenant mis toutes les cartes sur table. On ne négocie pas avec la physique du climat. Les conséquences prévisibles du laisser-faire économique seront catastrophiques. Le GIEC balise aujourd’hui le chemin pour que chaque société se compose un menu énergétique où la santé du climat, celle de l’économie et celle de ses citoyens demeurent compatibles. Le Canada de Stephen Harper fait tout le contraire de ce que préconise le GIEC. Il valorise le capital des pétrolières et met la nature en péril. Il nous enferme dans une stratégie de développement pétro-toxique qui empoisonne progressivement la politique, l’économie et la santé des Canadiens, tout en accélérant les bouleversements climatiques. Cette politique à courte vue nous coûtera très cher quand le temps de l’addition viendra », affirme Alain Brunel, directeur Climat-Énergie de l’AQLPA.
André Bélisle, président de l’AQLPA, souligne pour sa part que « le Parti libéral récemment élu au Québec hérite de politiques de réduction des GES que le gouvernement Charest avait mises en place et du projet d’électrification des transports initié sous le gouvernement Charest et bonifié sous le gouvernement Marois. Certains changements de comportements préconisés depuis longtemps par l’AQLPA pourront sans doute s’implanter avec un gouvernement majoritaire, environnementalement responsable, soucieux de solidarité intergénérationnelle et résolument tourné vers l’avenir. »
Source: AQLPA