Depuis 2009, les élus du Plateau Mont-Royal ont adopté de nombreuses mesures novatrices pour augmenter la biodiversité sur leur territoire. Ils ont, entre autres, agrandi et restauré les parcs Laurier, Baldwin et Lahaie, créé le Champ des possibles et aménagé des dizaines de saillies vertes. Pour consulter les photos des projets.
Marianne Giguère, Conseillère d'arrondissement du District De Lorimier, nous présente ces mesures inspirantes.
Quelles sont les réalisations visant à augmenter la biodiversité dans votre arrondissement qui se sont avérées les plus significatives?
Les saillies de trottoirs sont certainement l’une de nos réalisations ayant le plus d’impacts sur le verdissement et l’embellissement de l’arrondissement. En plus d’améliorer la sécurité sur nos rues et de créer des petits espaces de rencontre prisés par les résidents, toutes ces fosses remplies de bonne terre et de vivaces sont autant de petits jardins luxuriants et fleuris qui ont été gagnés sur l’asphalte et le béton. Elles sont toutes différentes et elles sont partout, à la grandeur du territoire – parce que le verdissement et la biodiversité ne doivent pas être limités aux parcs.
Vous avez déjà évoqué les parcs Baldwin et Laurier, où des rues entières ont disparu au profit d’espaces verdis, arborés et fleuris. C’est majeur. Enfin, nous sommes aussi particulièrement fiers d’avoir prévu, aménagé ou protégé certains espaces où on laisse une végétation indigène et plus sauvage occuper la terre, même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes horticolo-esthétiques des citadins. Je pense au terre-plein du boulevard St-Joseph Ouest, au talus de la rue Pauline-Julien et, évidemment, au Champ des Possibles.
Quels ont été les principaux défis rencontrés et comment y avez-vous fait face?
Premier défi: trouver les fonds pour verdir. Comme l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal ne roule pas sur l’or, il nous a fallu prendre des décisions impopulaires afin de diminuer nos dépenses (limiter les chargements de neige aux plus grosses bordées) et d’augmenter nos revenus (parcomètres plus nombreux et plus chers, parcojours, vignettes de résidents).
Cela dit, ces mesures effectivement payantes permettent aussi de rééquilibrer peu à peu la place exagérée occupée aujourd’hui par l’automobile en milieu urbain, spécialement dans les quartiers denses et centraux comme le nôtre.
Deuxième défi: le territoire est densément bâti, chaque mètre carré est occupé. Pour verdir, il faut donc reprendre des espaces à d’autres fonctions. Ainsi, ce sont des bouts de rues et des places de stationnements qui ont été retirés au profit des saillies verdies et des nouveaux espaces verts des parcs. Or, chaque fois que l’on retire une place de stationnement ou une voie de circulation, on fait face à la grogne d’une partie de la population. Il faut être prêt à en payer le prix politique, à traverser de petites tempêtes. Il faut aussi être pédagogue, la communication et l’explication demeurent primordiales : les citoyens embarquent lorsqu’ils comprennent à quoi on veut en venir. Certains, toutefois, ne vont comprendre que devant le fait accompli (et d’autres ne comprendront jamais). Un changement de paradigme ne se fait pas sans heurt, et prend du temps.
Quelles sont les mesures à venir?
Une douzaine de nouvelles saillies verdies par année seront aménagées un peu partout sur le territoire. Nous cherchons toujours à diversifier nos plantations, en favorisant les fleurs mellifères et certains arbres fruitiers, comme les amélanchiers. Nous travaillons aussi avec des partenaires qui développent l’agriculture urbaine sur rue, en mettant à leur disposition des bacs, de la terre et des espaces publics pour faire pousser des plantes comestibles qui sont offertes aux résidents.
Un nouveau terre-plein verdi viendra sécuriser la piste cyclable le long du parc Laurier, sur la rue Brébeuf. Plusieurs têtes de ruelles et bordures de trottoirs seront désasphaltées, à la demande des résidents, pour être aménagées en tronçons champêtres et verdis. Nous continuons d’appuyer les projets de ruelles vertes qui sont déposés en grand nombre. Enfin, le réaménagement de la place Gérald-Godin, au métro Mont-Royal, sera aussi l’occasion de verdir davantage le quartier.
Quel est le projet d’avenir qui, selon vous, aurait le plus grand impact sur la biodiversité sur le Plateau Mont-Royal?
Impossible de passer sous silence l’enjeu de l’agrile du frêne, cet insecte qui s’attaque à ces grands arbres qui forment 20% de notre canopée. Nous allons tâcher de ralentir sa propagation et de prolonger la vie du plus garnd nombre d’arbres possible, mais d’ici 5 à 10 ans, il semble inéluctable que nos frênes devront être abattus. L’impact sera évidemment majeur, spécialement dans certains tronçons de rue qui ne sont bordés que de frênes. Mais, à plus long terme, la biodiversité y gagnera, puisque ces frênes seront remplacés par des essences d’arbres plus diversifiées. Fini la monoculture.
Source: CRE Montréal