Par Eugénie Emond
Mots-clés : Eau potable, Ville de Québec, cyanobactéries, CMQ, bassin versant de la rivière St-Charles
La Ville de Québec est la municipalité la plus sévère du Québec en matière de protection de ses sources d’approvisionnement en eau potable. Son action sera très prochainement étendue à l’ensemble du territoire de la CMQ, malgré les protestations de certains citoyens. En effet, après que la rivière St-Charles et la rivière Montmorency eurent connues des épisodes régulières de contamination aux cyanobactéries, la municipalité a adopté, en 2010, un règlement de contrôle intérimaire (RCI) afin à préserver la qualité de l’eau potable de ses sources d’eau avec différentes mesures dans tout le bassin versant. «Une règlementation de ce type-là, ce n’était pas évident parce que c’était nouveau au Québec», se souvient Carole Beauregard qui ajoute : « et on est plus sévère qu’ailleurs».
Une vieille histoireProfitant du Rendez-vous international sur la gestion intégrée de l’eau qui se déroulait récemment à l’Université Laval, des experts de la qualité de l’eau de Québec ont présenté la démarche entreprise. Dans les faits, la problématique remonte à 2006, avec la découverte de cyanobactéries dans le lac Saint-Charles, principal réservoir d’eau potable de la Ville de Québec. Les autorités envisagent dès lors une meilleure conservation de ses sources d’eau, jusqu’alors protégées par des mesures dérisoires. «La qualité de l’eau est influencée par l’occupation humaine dans le bassin versant», rappelle Jacques Deschênes, conseiller en environnement à la Ville de Québec. Pas moins de 280 000 habitants des 550 0000 que compte le territoire de la Ville de Québec sont ainsi desservis en eau potable par le bassin versant de la rivière Saint-Charles, le plus urbanisé du Québec, vu sa taille.
Une fausse hypothèseAprès avoir établi un plan d’action en 2006, la Ville mandate la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) pour trouver des solutions. Cette dernière dresse un portrait de la situation et établit les sources de contamination. «On était parti avec une prémisse comme quoi c’était les installations sceptiques non conformes des résidences qui faisaient de la pollution au niveau de la prise d’eau potable», explique Carole Beauregard, coordonnatrice à l’aménagement du territoire à la CMQ. Or, il s’est avéré que «99% des installations étaient aux normes» et que le problème se trouvait plutôt du côté de sites d’enfouissement mal gérés et d’autres problématiques.
Des mesures concrètesLe RCI commande notamment l’interdiction de tout rejet dans les cours d’eau et de toute nouvelle sablière. Il bannit aussi les activités d’aquaculture et restreint les coupes d’arbres. Certaines règles suscitent encore aujourd’hui le mécontentement de citoyens, comme l’élargissement des bandes riveraines et les incitatifs à récupérer l’eau de pluie. «Ça accroche au niveau de la population parce que le problème est qu’on installe des bassins pour récupérer la pluie qui débordent dans la rue», explique la coordonnatrice.
Un RCI suffisamment sévère?Si la Capitale possède maintenant une meilleure connaissance terrain de son bassin versant, il n’en demeure pas moins que ces mesures prendront du temps avant qu’elles ne soient intégrées par la population et que les effets se fassent sentir. Car les proliférations épisodiques de cyanobactéries se poursuivent et les professionnels tentent toujours d’améliorer leurs connaissances sur leur distribution et leur toxicité, comme le soulève un rapport publié en 2012 par l’Association pour la protection de l’environnement du lac Saint-Charles et des Marais du Nord (APEL) et la Ville de Québec.
Source: GaïaPresse |