L’Institut de recherche en économie contemporaine a publié une étude sur l’endettement des fermes québécoises qui introduit des nuances essentielles dans l’analyse des stratégies entrepreneuriales des producteurs québécois. « Les producteurs réussissent à obtenir de leurs emprunts un effet de levier positif. La productivité du capital et surtout le niveau de rentabilité économique des établissements québécois se démarquent à l’échelle du Canada », ont expliqué François L’Italien, Lyne Nantel et Clément Bélanger Bishinga, chargés de projet à l’IRÉC et auteurs de l’étude.
C’est en interrogeant des indicateurs financiers pertinents comme le taux d’endettement, la productivité du capital et le ratio de la rentabilité économique simplifiée que ces chercheurs ont pu observer que les producteurs agricoles obtiennent de leur passif un effet de levier positif qui se traduit par une augmentation des capacités d’investissement et une rentabilité accrue des capitaux propres.
Si les paiements de programme agissent comme un soutien important à la rentabilité de l’agriculture au Québec comme au Canada, les producteurs québécois parviennent à tirer leur épingle du jeu dans un environnement caractérisé par de fortes tendances à la consolidation industrielle et à la concentration des ressources financières. Bien qu’une part importante des piliers du modèle agricole québécois aient été érigés il y a plusieurs décennies, les chercheurs constatent qu’ils confèrent, aujourd’hui encore, une robustesse financière à l’agriculture au Québec.
Rapport St-Pierre
Le Rapport St-Pierre publié en 2009 a conclu que les fermes québécoises étaient surendettées et que les politiques actuelles de soutien aux producteurs agricoles étaient un obstacle à une gestion financière efficace des fermes en éloignant les producteurs des signaux de marché. « Pourtant, à la lumière des données statistiques disponibles, cette analyse doit être nuancée, précisent les chercheurs. Les propositions du Rapport St-Pierre relèvent d’un autre paradigme de gestion du risque entrepreneurial ».
Des choix de société
Selon les chercheurs de l’IRÉC, il importe de tenir compte du fait que les politiques de soutien aux producteurs agricoles relèvent de choix de société concernant le modèle de ferme privilégié au Québec qui valorise l’agriculture de métier pratiquée par un propriétaire exploitant, l’ancrage d’établissements de petite et de moyenne taille dans l’ensemble des régions du Québec et une présence dans tous les secteurs de production, selon des perspectives de développement à long terme.
Ouvrir des perspectives
Selon l’IRÉC, des mesures de soutien doivent être introduites afin d’améliorer les conditions d’entrée dans le métier de la relève agricole. « Les ressources financières nécessaires pour que cette relève puisse acquérir des actifs productifs, en particulier la terre, sont devenues très importantes, voire dans certaines régions hors de portée. Il est urgent de réfléchir collectivement à des innovations sociales afin de développer un nouvel arrangement institutionnel. L’avenir de l’agriculture québécoise reste lié à sa capacité d’innovation sociale et à ses choix de solidarité », ont conclu les chercheurs de l’IRÉC.
Source: IRÉC