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Les Premières nations innues de Uashat Mak Mani-Utenam et de Matimekush-Lac John, dont le territoire traditionnel (Nitassinan) couvre une partie importante du nord-est québécois et du Labrador, se réjouissent de leur victoire en Cour le 19 septembre 2014 dans le cadre de leur poursuite judiciaire de 900 millions de dollars visant la Compagnie minière IOC, dont l’actionnaire principal est Rio Tinto. IOC avait tenté de faire rejeter la cause en essayant de convaincre la Cour que les Innus doivent s’en prendre aux gouvernements et non à IOC. Le 19 septembre 2014, l’honorable juge Marc-André Blanchard de la Cour supérieure de Montréal a rejeté la demande d’IOC.
Les gouvernements ont certainement joué un rôle important en autorisant les projets d’IOC sans le consentement des deux peuples innus d’Uashat Mak Mani-Utenam et de Matimekush-Lac John, toutefois il ne s’agit pas d’un projet public. C’est IOC et maintenant Rio Tinto, des investisseurs privés, qui ont fait le choix, sans se soucier des deux peuples innus qui habitaient le territoire depuis des temps immémoriaux, de construire et d’exploiter un mégaprojet minier comprenant une trentaine de sites de mines gigantesques, un chemin de fer de 578 km de long et des installations portuaires à Sept-Îles qui contaminent par leur toxicité une superficie d’au moins 30 terrains de football.
« Ce ne sont pas les gouvernements qui ont procédé à de la discrimination raciale contre les employés innus d’IOC. Ce ne sont pas les gouvernements qui ont expulsé nos enfants, nos femmes et nos aînés de leur propre territoire natal pour faire place aux mines d’IOC. Et ce ne sont pas les gouvernements qui ont amassé des milliards et des milliards de profits en détruisant et en contaminant notre territoire en quête de nos richesses minérales. C’est IOC / Rio Tinto. C’est donc à IOC / Rio Tinto de prendre leurs responsabilités, » a déclaré le Chef de Uashat Mak Mani-Utenam, Mike McKenzie.
Il s’agit non seulement d’une grande victoire pour les deux peuples innus de Uashat Mak Mani-Utenam et de Matimekush-Lac John mais servira également de précédent pour d’autres Premières Nations qui souhaitent obliger des entreprises privées à respecter leurs droits. Ce jugement vient confirmer que les promoteurs privés comme IOC / Rio Tinto ne peuvent pas faire fi des droits des Premières Nations pour ensuite s’esquiver derrière les gouvernements.
Cette victoire à la Cour assure la continuation de la procédure judiciaire des Innus contre IOC / Rio Tinto et s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large qu’amorcent les Innus pour mettre fin à l’attitude colonialiste avec laquelle IOC / Rio Tinto traite, encore aujourd’hui, les deux peuples. Les Innus comptent aussi s’opposer par voie des tribunaux à la nouvelle mine appelée « Wabush 3 » qu’IOC souhaite construire à Labrador City si IOC / Rio Tinto persiste à violer leurs droits constitutionnels.
« Nous ne sommes pas contre le développement et ne souhaitons pas bloquer le développement économique régional. Par contre, il est fini le temps où des entreprises pouvaient exploiter le territoire sans tenir compte du fait que nous en sommes aussi propriétaires. Il est tout à fait légitime d’utiliser les moyens à notre disposition pour faire respecter nos droits, surtout à l’égard de cette entreprise qui a été la première à déposséder les Innus de son territoire. Après plus de 60 ans de violation de nos droits il est plus que temps qu’IOC/Rio Tinto paye son loyer», a ajouté le Chef de Matimekush-Lac John, Réal McKenzie.
Source: Bureau de la protection des droits et du territoire, ITUM