Partant du principe que la richesse se doit d’être collective, elle est un mot vaste qui prend toutes sortes de formes aussi importantes les unes que les autres et elle concerne tout le monde. Elle est le contraire de l’uniformité et loin de l’élitisme auquel on l’associe souvent. Il en va de même pour la prospérité.
La prospérité regorge de sens que le monde économique seul ne peut englober.
Elle s’ouvre à un vocabulaire diversifié : diversité, dynamisme, équité, innovation, mobilité, patrimoine, qualité, santé, sécurité… Elle montre aussi beaucoup de subtilités dans ses formes :
- Diversité biologique, culturelle, professionnelle, du savoir
- Dynamisme économique, culturel, artistique, touristique
- Équité sociale, territoriale
- Innovation en recherche, technologie, architecture, aménagement
- Mobilité des idées, des personnes et de marchandises
- Patrimoine bâti, historique, paysager
- Qualité du milieu de vie, des emplois
- Sécurité générale, routière, piétonne, d’emploi
- Santé liée à un environnement sain et au soutien des personnes fragilisées psychologiquement et physiquement
Pour que la prospérité soit au rendez-vous, non seulement elle doit faire appel à toutes ses composantes mais des liens doivent être tissés entre elles pour en créer un réseau.
Si la force du réseau est porteuse de résilience, ses orientations sont porteuses de cohérence.
Sans cela, il ne peut y avoir de véritable progrès, au risque même d’entraîner un recul, provoquant frustration, découragement et désengagement au sein de la société civile. Aujourd’hui, il est urgent que les différents acteurs montréalais, publics et privés, adoptent des politiques, principes, lignes directrices internes transversaux pour qu’ils se traduisent dans des actions convergentes.
Dans les domaines de l’environnement, de l’aménagement et du transport, les exemples malheureux d’absence de cohérence sont légion.
On s’accorde sur l’importance des transports collectifs mais l’on s’obstine à demander plus de routes et de stationnements. Plus on minéralise la ville, plus on induit des débordements par temps de pluie. Les aménagements qui aident à la percolation de l’eau dans le sol sont connus mais on persiste majoritairement à construire édifices, rues et stationnements sans les y inclure. L’importance de la biodiversité, sa fragilité et sa rareté en ville sont des faits établis mais on continue à la faire disparaître au nom du développement. On comptabilise les nombreux accidents entre piétons et véhicules mais l’auto demeure prioritaire en ville. Le gaspillage des ressources est décrié mais il existe encore des systèmes de réfrigération où l’eau potable coule à flot, et l’on jette toujours allègrement matières recyclables et compostables.
En l’absence de cohérence, il ne peut y avoir de cohésion.
La mobilisation individuelle et collective, condition incontournable pour la prospérité de la métropole, ne s’activera vraiment que si les orientations sont claires, les choix maintenus et les actions réalisées à l’échelle de la métropole. Le principe «deux poids, deux mesures» ne tient pas dans une vision de prospérité généralisée. L’appliquer ne fait que renforcer les fractures et les iniquités d’une part et minimiser l’impact d’une action d’autre part. Pour s’en convaincre il suffit de regarder le déficit important d’espaces verts dans certains quartiers, la qualité très variable des infrastructures pour les piétons ou le réseau encore insuffisant de voies réservées pour autobus. Quand des tronçons de voies réservées demeurent inexistants, l’efficacité des autobus est compromise sur l’ensemble du trajet. Les actions doivent mener à des changements palpables qui encouragent à poser d’autres gestes complémentaires.
Montréal, la Ville, l’île et la métropole, est rendue là.
Elle se trouve au cœur de nombreux enjeux qui ne sont pas étrangers à la plupart de ses consœurs nord-américaines, et auxquels elle se doit de répondre pour maintenir et améliorer le cadre de vie de ses millions de résidents, de travailleurs, d’étudiants et de visiteurs. Sans être les seules, les questions d’environnement, de transport et d’aménagement font intégralement et indéniablement partie du mouvement pour une plus grande prospérité de la métropole, dans le souci de durabilité et d’équité.
La responsabilité quant aux moyens et aux résultats est partagée.
Chacun doit faire sa part et apporter effort et imagination pour que toutes les conditions soient réunies en vue de bâtir ensemble la métropole de demain, prospère dans la durabilité et l’équité. L’événement du 17 novembre prochain, dans le cadre du mouvement Je vois Montréal, est une occasion de travailler concrètement en ce sens. C’est une invitation lancée à la collectivité montréalaise à y apporter ses projets et ses idées.