La délégation de la Via Campesina, réunie à Rome à l’occasion de la 41ème session du Comité de la Sécurité alimentaire (CSA) reconnaît le CSA comme étant un espace international très important pour le débat et les prises de décisions sur les questions agricoles et alimentaires. LVC demande instamment aux gouvernements de prendre des mesures urgentes en faveur de l’agriculture paysanne et autochtone, comme étant l’unique modèle capable d’alimenter le monde. A l’occasion de la Journée mondiale de l’Alimentation, nous rappelons notre engagement pour la lutte en faveur de la Souveraineté alimentaire comme étant la solution aux multiples crises qui affectent nos sociétés. Nous réaffirmons notre engagement pour la lutte en faveur de la reconnaissance et de l’application des droits paysans.
La célébration des 10 ans des Directives pour le Droit à l’Alimentation a démontré qu’il existe un énorme fossé entre les droits et leur priorité, respect et application dans la réalité.
C’est pourquoi, LVC exprime sa profonde déception concernant l’engagement réel visant à appliquer lesdites Directives.
Kannayian Subramaniam, paysan de l’Etat de Tamil Nadu en Inde a dénoncé les attaques de l’OMC contre les réserves alimentaires créées en Inde “Les réserves publiques sont vitales pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans tous les pays. Il s’agit de l’une des principales armes dont nous disposons contre la volatilité des prix des aliments. Toute règle commerciale, empêchant le soutien apporté par les pays aux personnes les plus pauvres et marginalisées, est pour nous inacceptable. Le principe de la cohérence avec les droits humains est au-dessus de toute négociation ou accord commercial qui pourrait porter atteinte à la sécurité alimentaire de nos groupes constitutifs ".[1]LVC confirme qu’il est fondamental que les règles du marché soient débattues au sein du CSA.
L’adoption des principes d’investissements responsables dans l’agriculture (rai) ne constitue pas un progrès suffisant visant à garantir les droits des communautés paysannes, des sans-terres et des travailleurs agricoles. Il est néanmoins positif que soient reconnu le rôle primordial des paysannes et des paysans dans l’investissement en agriculture, étant bien plus important que celui du secteur des entreprises. Pour autant, les rai n’indiquent pas d’orientations nettes et fortes favorables aux producteurs à petite échelle.
Les principes ne contiennent pas suffisamment de sauvegardes pour stopper l’accaparement des terres ou d’autres actions destructives menées par le capital privé et les gouvernements complices. Elles ne favorisent pas d’améliorations pour la création d’un travail décent, les droits des travailleurs, ou dans la lutte contre la discrimination des femmes.
Comme le mentionnait Javier Sanchéz, paysan en Aragon (Espagne): “Nous avons besoin de politiques publiques en faveur de la souveraineté alimentaire, afin de promouvoir l’agroécologie, les marchés locaux, l’autonomisation des femmes, l’accès des jeunes à la profession, leur accès et leur contrôle sur les terres, les forêts, l’eau et les semences ”.
La Via Campesina estime qu’il est nécessaire que le Comité de Sécurité alimentaire ait un rôle plus important dans l’élaboration des politiques agricoles et alimentaires internationales, reconnaît les progrès effectués depuis la réforme du CSA et s’engage à continuer à promouvoir dans cet espace des politiques qui tiennent compte des besoins des populations les plus marginalisées. LVC demande instamment au CSA de lancer des processus de développement de politiques favorisant des marchés stables, une agriculture agroécologique, respectueuse des droits humains et communautaires, permettant de freiner le changement climatique, de garantir l’accès aux ressources telles que les semences et l’eau et de placer l’intérêt public avant des intérêts privés.
Source: Via Campesina