Réagissant à la fin de la ronde de négociations de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) à Bonn, Patrick Bonin, le responsable de la campagne Climat-énergie de Greenpeace Canada présent sur place, a déclaré :
« Les chefs d’État doivent s’inspirer de l’incroyable mobilisation mondiale qui est en cours et accélérer notre sortie de l’ère des combustibles fossiles au profit d’un monde basé à 100% sur les énergies renouvelables. M. Trudeau peut jouer un rôle important et insuffler du momentum aux négociations s’il augmente le financement pour les pays vulnérables et adopte une cible de réduction des GES ambitieuse à la conférence de Paris. Cette conférence doit marquer le début de la fin des combustibles fossiles, et cette fin doit se produire au plus tard en 2050. »
Pour sa part, Martin Kaiser, chef de l’unité internationale de politiques climatiques de Greenpeace, a déclaré :
« Cette semaine a débuté avec un violent typhon qui s’est abattu sur les Philippines, soit la 12e tempête à frapper le pays cette année. Elle se termine avec l’ouragan Patricia, le plus puissant jamais enregistré dans l’hémisphère ouest, qui est sur le point d’atteindre le Mexique. Nul besoin donc de rappeler que nous sommes déjà en train de ressentir les impacts des changements climatiques. »
« Entretemps, des négociations ont eu lieu pendant cinq jours ici, comme s’il n’y avait aucune urgence d’agir. Cela met davantage de pression sur les négociations à venir lors de la Conférence de Paris, et rend difficile l’obtention d’un accord ambitieux. »
« La bonne nouvelle est que certains éléments cruciaux, tels que le retrait graduel à long terme des combustibles fossiles, resurgissent et jouissent d’un appui croissant au sein de la communauté internationale. Nous voulons voir des engagements qui signalent la fin de l’ère des combustibles fossiles, et la naissance d’une nouvelle ère des énergies entièrement renouvelables. Mais ce n’est qu’un début. »
« De plus en plus de pays soutiennent également l’instauration d’un mécanisme pour intensifier tous les cinq ans les engagements vis-à-vis les changements climatiques. Ce processus devra entamer le pas avant 2020 afin d’éviter la ratification d’ambitions trop modestes. »
« Un autre pas dans la bonne voie est la réapparition des notions de pertes et dommages dans le texte. Cet aspect est fondamental pour les populations les plus pauvres qui perdent en ce moment même leur domicile aux Philippines et au Mexique. »
« D’autre part, le texte est beaucoup trop long. À seulement cinq semaines de la Conférence de Paris, nous avons un texte de 55 pages. Par ailleurs, il n’est pas suffisamment précis sur certaines questions clés, et la raison en est claire : les pays producteurs de pétrole tentent de bloquer les négociations et de détourner le processus en leur faveur. Ils peuvent s’en tirer ainsi. »
« Le manque de temps devient critique. Les négociateurs deviennent nerveux, ce qui est compréhensible considérant les enjeux. Tous veulent jouer leurs cartes le plus tard possible, mais tous ne peuvent avoir l’as de pique. Et les enjeux sont bien trop importants pour en faire jeu de poker risqué. Les pays doivent laisser mettre cartes sur table et jouer en équipe. »
« Ce qui donne espoir ce sont les changements qui s’effectuent en dehors du processus à la CCNUCC. Cette année, nous avons obtenu la déclaration du G7 sur la décarbonisation, l’Encyclique du pape, la coopération entre la Chine et les États-Unis sur les changements climatiques et la rencontre à l’ONU entre Ban Ki Moon et des dirigeants internationaux portant sur les énergies 100% propres comme option dans la déclaration finale. »
« Nous témoignons également d’un changement de mentalité dans le milieu des affaires. Pas plus tard qu’hier, le géant italien de l’énergie, Enel, a déclaré qu’il procèderait à l’élimination graduelle et complète du charbon d’ici 2050. Le message est en train de passer auprès des investisseurs que l’ère des combustibles fossiles tire à sa fin, et que cela devrait accélérer le passage des investissements bruns aux investissements verts. »
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