Les coalitions de la COP21 et la nouvelle dynamique des négociations climatiques

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Par René Audet, Institut des sciences de l’environnement, membre de la délégation AQLPA à la COP21

 

Les conférences sur le climat sont toujours marquées par l’affrontement de coalitions de pays, parfois de leur convergence, et parfois même de leur émergence. À Cancun en 2010, le « Dialogue de Carthagène » avait joué un rôle central dans le dénouement des négociations (Voir : http://www.blogueaqlpa.com/2010/11/30/le-dialogue-de-carthagene-vers-une-coalition-des-bonnes-volontes/#more-715). Essentiellement composé des pays de l’Union européenne et de la coalition des petits États Insulaires (AOSIS), cette coalition avait fait contrepoids à une autre coalition, le « Groupe parapluie » qui représentait le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Kazakhstan, l’Urkraine, les États-Unis et l’Islande (Voir : http://www.blogueaqlpa.com/2010/12/01/le-japon-le-groupe-parapluie-et-la-lutte-contre-le-protocole-de-kyoto/#more-724) et qui constituait peut-être la frange des pays les moins ambitieux à l’égard de la lutte contre le changement climatique.

 

On pourra donc s’étonner de l’émergence d’un nouveau groupe ayant déclaré son existence dans les derniers jours : le Groupe des ambitions élevées. À l’instar du Dialogue de Carthagène de naguère, cette nouvelle alliance réunit des forces provenant de plusieurs autres coalitions de négociation : des pays africains, des Caraïbes et du Pacifique, mais aussi les membres de l’Union européenne et les États-Unis. Selon un article paru récemment dans le Guardian, le Groupe des ambitions élevées s’est formé en secret, il y a environ six mois, à la faveur d’autres rencontres internationales. Selon le même article, le niveau d’ambition auquel le groupe réfère porte sur quatre enjeux importants de la COP21 :

 

·         L’accord doit être légalement contraignant;

·         Il doit contenir un objectif à long terme à la hauteur des recommandations de la communauté scientifique;

·         Il doit contenir une « clause cliquet » (Ratchet clause dans le langage des négociations) qui consistera à assurer une évaluation des engagements des pays à chaque cinq ans, dans le but de les renforcer si nécessaire;

·         Il doit donner lieu à la création d’un mécanisme de suivi des progrès en matière de réduction des émissions pour tous les pays.

 

Ce sont là des enjeux importants dont il faudra suivre la matérialisation dans l’Accord de Paris. Mais au delà de l’importance de ces enjeux, c’est l’existence même de cette coalition qui est captivante : la dynamique des alliances dans les négociations climatiques a changé au cour des derniers mois.

 

Ceci est-il dû à une plus grande conscience du problème des changements climatiques dans la classe politique? Est-ce grâce à l’habile présidence française de la COP et à la vision de la Secrétaire générale de la Convention cadre des nations unies sur les changements climatiques, Christiana Figueres? Faut-il expliquer la nouvelle dynamique par des changements au sein de certains gouvernements, comme au Canada? À quel point la volonté du Président Obama de laisser un héritage constructif en cette fin de mandat joue-t-elle?

 

Ces questions restent ouvertes, mais on peut supposer que c’est la conjonction de tout cela qui rend la dynamique si intéressante. Lors de la plénière du « Comité de Paris » tenue hier soir, on pouvait sentir l’optimiste parmi les délégations. La nouvelle version du texte qui sera distribuée aujourd’hui permettra déjà d’évaluer la réelle portée de cette dynamique.

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