Du 19 au 28 août 2016, un groupe de marcheurs-explorateurs relèveront le défi de réaliser la Grande traversée d’Anticosti. Organisée par Nature Québec, cette toute première édition de l’expédition a pour objectif de marcher sur l’île et d’échanger en bivouacs sur l’avenir d’Anticosti et de sa communauté humaine. Dix participants de divers horizons vont inaugurer un nouveau parcours de 115 km du sud au nord, au beau milieu de la nature sauvage. Dans un contexte d’exploration et de la menace d’une éventuelle exploitation du pétrole sur Anticosti, l’initiative de Nature Québec vise à approfondir la réflexion sur les alternatives de développement et à faire connaître les trésors cachés de l’île.
Anticosti : un territoire remarquable, rare et fragile qui mérite d’être protégé
D’après Sophie Gallais, chargée de projet Aires protégées et coordonnatrice de la Grande traversée d’Anticosti, « l’île, située dans le golfe du Saint-Laurent, est la plus grande au Québec. Elle offre à sa communauté de 175 résidents et à ses visiteurs des paysages saisissants : chutes, canyons, mer à perte de vue, falaises… Elle est constituée d’une grande biodiversité floristique et faunique – 220 espèces d’oiseaux, 14 espèces de mammifères marins – et d’une multitude d’écosystèmes fragiles incluant plus d’une vingtaine de rivières à saumons, une espèce en péril selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. L’île d’Anticosti n’est peut-être pas un « joyau intact », considérant que l’introduction du cerf de Virginie à la fin du XIXe siècle a eu des conséquences néfastes sur les peuplements forestiers et la faune indigène. Il n’en demeure pas moins qu’Anticosti présente une biodiversité d’intérêt sur le plan de la conservation. Pourtant, cette biodiversité demeure méconnue du public québécois et ignorée, voire oubliée des pouvoirs publics. »
« L’exploration et l’éventuelle exploitation pétrolière à Anticosti est toujours d’actualité. Même si le premier ministre s'est récemment dissocié de la filière pétrolière sur l’île, la réalisation de trois forages avec fracturation hydraulique est encore prévue à l’été 2016. Pourtant, les caractéristiques géologiques et hydrologiques de l’île sont incompatibles avec les forages pétroliers avec fracturation hydraulique », explique Christian Simard, directeur général de Nature Québec. « Nous espérons que le gouvernement du Québec abandonnera la filière pétrolière à Anticosti. Mais nous avons collectivement le devoir de ne pas abandonner les Anticostiens et de les accompagner dans la recherche d’un développement durable pour leur communauté », poursuit-il.
« On se sent ballotés et laissés à nous-même », renchérit Danièle Morin, résidente de l’île et guide touristique. « Lorsque Nature Québec m’a contacté pour parler du projet de la Grande traversée d’Anticosti, j’ai tout de suite été enthousiasmée. J’ai imaginé le parcours et l’ai testé en partie l’été dernier : pour moi, l’important est de montrer au monde que notre île est riche par sa nature. C’est un havre de paix ». Ainsi, le tracé a été pensé pour que de beaux attraits peu connus des touristes, et peu accessibles jusqu’à maintenant, soient mis en valeur : observation de plantes endémiques, du canard arlequin et des phoques, fosses translucides peuplées de saumons sont au programme. Les participants partiront de la Pointe-Sud-Ouest de l’île; ils débuteront la randonnée à partir de la Côte Verte vers l’embouchure de la rivière Jupiter. De là, ils remonteront le cours de la Jupiter puis, bifurqueront par les tourbières du centre de l’île pour rejoindre la rivière Vauréal, et la descendre jusqu’à sa célèbre chute.
Des bivouacs de réflexion
Tout en s’imprégnant d’Anticosti, les participants pourront échanger en fin de journée, autour de bivouacs de réflexion, sur les problématiques et les solutions quant à l’avenir de l’île, tant sur le plan économique que social et environnemental. Actuellement, Nature Québec est à la recherche de participants en bonne condition physique, aux profils variés : vidéaste, spécialiste en développement local, expert en écotourisme, professionnel dans le secteur agroalimentaire, ou toute personne tout simplement intéressée à vivre cette expérience particulière. Comment développer une économie durable sur l'île tout en privilégiant la conservation? Anticosti pourrait-elle devenir une destination écotouristique d'envergure, un Costa Rica du Nord? Ces questions seront abordées dans le cadre de l’expédition. Une série de conférences sera organisée cet automne pour partager l’expérience avec le public et poursuivre la réflexion concernant l’avenir d’Anticosti et de sa communauté.
Site Web: www.anticosti-traversee.org
Voir le parcours sur une carte >>>
S’inscrire >>> (Jusqu’au 15 avril 2016)
Source : Nature Québec