Dans un mémoire qui sera présenté aujourd’hui devant le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) du Québec, des médecins et professionnels de la santé publique joignent leur voix aux citoyens et recommandent l’établissement d’une zone tampon pour protéger la santé et la qualité de vie des résidents affectés par la mine d’or à ciel ouvert à Malartic, en Abitibi-Témiscamingue.
Un problème de santé publique
Le mémoire, cosigné par Dr. Éric Notebaert de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) et M. Norman King, un épidémiologiste retraité après 35 ans de carrière dans le réseau de la santé publique du Québec, abonde dans le même sens que la Direction de la santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue et conclut qu’il y a « un problème de santé publique » à Malartic.
Les auteurs se disent notamment préoccupés « au plus haut point » par les impacts à la santé et à la qualité de vie des citoyens que représentent les « différentes nuisances et contaminants » auxquels est exposée quotidiennement la population de Malartic, notamment les poussières, le bruit et les vibrations reliées aux dynamitages.
« Ces contaminants et ces nuisances sont associés, dans la documentation scientifique, autant à des problèmes de santé physique que psychosociale : troubles de sommeil, problèmes cardiovasculaires, problèmes respiratoires, inconfort, stress, anxiété, irritabilité, détresse psychologique, etc. », peut-on lire dans le mémoire.
Les organismes craignent une augmentation des nuisances avec le projet d’agrandissement de plus de 40% de la mine, qui est déjà la plus grande mine à ciel ouvert située en milieu habité au pays. « Plusieurs des modélisations réalisées par la minière dans le cadre de l’évaluation environnementale prévoient une augmentation des nuisances de 2017 à 2023, lors des travaux en surface », précise le mémoire.
MiningWatch Canada et la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine sont également signataires du mémoire.
Une zone tampon réclamée
Au final, les médecins et les organismes signataires recommandent « une zone tampon d’au moins 1.0 à 1.5km entre la mine et les résidents, à l’intérieur de laquelle tout résident devrait se voir offrir l’opportunité d’être relocalisé pour des raisons de santé, de bien-être et de qualité de vie ». Les auteurs précisent « qu’il ne s’agit de forcer la relocalisation de tous à l’intérieur de cette zone tampon, mais bien d’offrir l’opportunité à quiconque le demanderait, sans exception, sans discrimination et avec de justes compensations ».
Les organismes recommandent également de revoir et de renforcer les normes du Québec, dont plusieurs datent de plus de 20 et 30 ans et ne sont plus adaptées aux connaissances scientifiques d’aujourd’hui, ni à la réalité des impacts d’une telle mine à ciel ouvert située au cœur d’une ville.
Les organismes citent en exemple des pays comme l’Australie, l’Inde et la Malaisie, qui appliquent des zones tampon de 1 à 3km autour des mines à ciel ouvert près des milieux habités ou écologiquement sensibles. Même au Québec, différents règlements et lignes directrices exigent des distances minimales de 500m de toute zone résidentielle pour de nouveaux centres de compostage, 600m pour des nouvelles carrières et jusqu’à 900m pour des sites d’entreposage de lisier (odeur). Plusieurs régions du monde, dont le Québec, appliquent également des zones tampon allant de 1.5 à 3km pour l’installation de nouvelles éoliennes (Maine, Oregon, Caroline du Nord, Australie, France, etc.).
Source : Coalition pour que le Québec ait meilleure mine
Photo : By P199 – Own work, CC BY-SA 3.0