La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) révèle l’existence d’importants documents sur le caribou forestier que le gouvernement du Québec refuse de rendre publics. Ces documents sont essentiels pour tenir un débat éclairé sur la question du rétablissement du caribou forestier, une espèce légalement reconnue en péril par les gouvernements du Québec et du Canada.
On compte parmi ces documents deux rapports portant sur les secteurs prioritaires pour la création d’aires protégées pour le caribou forestier. Ces rapports ont été réalisés par l’Équipe de rétablissement du caribou forestier au Québec à l’aide des meilleures connaissances scientifiques disponibles, et l’un d’entre eux date de plus de quatre ans. Malgré une demande de publication officielle de la part de l’Équipe de rétablissement adressée à la sous-ministre associée à la Faune et aux Parcs il y a près de 6 mois, ces rapports n’ont toujours pas été rendus publics à ce jour.
« Il est inacceptable que le gouvernement occulte des rapports aussi importants alors qu’il travaille en ce moment même à l’élaboration d’une grande aire protégée pour le caribou forestier dans le secteur des Montagnes Blanches », avance Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.
La SNAP Québec révélait d’ailleurs en juin dernier que le Ministère des Forêts planifie des coupes forestières dans le secteur au nord du Lac Manouane (Montagnes Blanches), pourtant identifié dans les deux rapports comme un secteur à prioriser pour l’établissement d’aires protégées pour le caribou. La SNAP Québec demande donc au gouvernement d’inclure le secteur au nord du Lac Manouane dans le projet de grande aire protégée des Montagnes Blanches et d’y éviter les coupes.
Impacts socio-économiques connus
D’autre part, l’existence de deux études majeures chapeautées par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a été dévoilée hier. La première étude concerne notamment les impacts sur la possibilité forestière (volumes de bois) qu’engendreraient différents scénarios de rétablissement du caribou forestier à l’échelle provinciale et régionale. Pour l’ensemble de la province, par exemple, les impacts sur la possibilité forestière des différents scénarios étudiés se chiffrent entre 4 % et 15 % par rapport aux stratégies actuellement en vigueur.
En comparaison, selon d’autres données disponibles publiquement, en moyenne 20 % de la possibilité forestière annuelle de bois résineux n’a pas été récoltée entre 2000 et 2012.
« Ces données nous démontrent que l’impact socio-économique du rétablissement du caribou forestier n’est pas si élevé qu’on le laisse croire à l’échelle de la province », soutient Pier-Olivier Boudreault, chargé de projet en conservation et foresterie à la SNAP Québec. « Les chiffres laissent entendre qu’il y a une certaine marge de manœuvre pour le rétablissement du caribou et le maintien des emplois forestiers. »
La deuxième étude, quant à elle, avance des pistes de solutions concrètes et précises pouvant être mises en œuvre dans l’aire de répartition du caribou.
La SNAP Québec invite le gouvernement du Québec à rendre publics les quatre rapports, à préciser l’échéancier de la mise en œuvre des différents éléments de son plan d’action pour le caribou annoncé en avril dernier, et à travailler de concert avec les organisations environnementales.
Source : SNAP Québec