L’anthropocentrisme fait fi des liens essentiels

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mains sable

Par David Suzuki

Depuis des décennies, les scientifiques nous avertissent que nous sommes sur une pente dangereuse. Nous vivons en effet dans l’illusion que la croissance illimitée de la population, de la consommation et de l’économie est possible et qu’elle constitue l’objectif même de nos sociétés. Or, une croissance illimitée est irréaliste dans une biosphère limitée. La croissance n’est pas une fin en soi, mais un moyen.

L’être humain n’est qu’une espèce parmi d’innombrables autres auxquelles il est lié et dont il dépend. C’est pourquoi chacun de nos gestes a des répercussions et comporte des responsabilités. Pendant la majeure partie de son existence, l’humain s’est vu comme faisant partie d’un réseau. Il avait alors une vision biocentrique des choses. En adoptant la position d’espèce « dominante », nous avons commencé à nous voir au centre de tout. Ce point de vue anthropocentrique nous amène à penser que nos besoins et nos attentes éclipsent ceux du reste de la nature.

Notre approche des affaires gouvernementales illustre parfaitement notre incapacité à voir cette interconnexion et cette interdépendance. Les ministres de la forêt, de l’environnement, des pêches et des océans n’ont pas comme priorité de protéger les forêts, l’environnement, les poissons et les océans. Ils sont là pour rationaliser nos actions et s’assurer qu’elles nous sont profitables.

Dans un monde anthropocentrique, nous tentons de gérer les éléments importants en silos, ce qui détruit l’esprit même d’interconnexion. Nous traçons des lignes arbitraires autour de nos propriétés, villes, provinces et pays, et tentons de gérer nos ressources à l’intérieur de ces frontières. Or, le saumon peut frayer dans les rivières de la Colombie-Britannique, migrer par l’Alaska, le long des côtes de la Russie, de la Chine, de la Corée et du Japon, pour revenir vers son lieu de naissance. À qui appartient le saumon dans ce cas?

Comment protéger le monarque, ce papillon qui naît en Ontario et qui traverse de nombreux États américains jusqu’au Mexique ? Et le grizzly qui est considéré comme une espèce menacée aux États-Unis, mais qui peut être abattu s’il traverse la frontière canadienne?

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Source : Fondation David Suzuki

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