Eau douce : trop peu de canadiens ont conscience de sa rareté

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Les données sur dix ans de l’Étude sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’eau réalisée par RBC expriment des points de vue contradictoires

Alors que débute la Semaine canadienne de l’eau, RBC a publié pour une dixième année son Étude sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’eau, un examen approfondi de ce que pensent les Canadiens des sources d’eau douce du pays et des comportements qu’ils adoptent en conséquence. Le message qui s’en dégage est à la fois complexe et révélateur. D’une part, l’étude confirme la grande valeur qu’accordent les Canadiens à leur eau, ainsi que la place prépondérante qu’occupent nos lacs et rivières dans la définition de notre identité nationale. D’autre part, elle révèle l’inquiétante négligence des Canadiens à l’égard d’une ressource qu’ils considèrent encore comme illimitée.

L’étude a été réalisée en janvier, mois pendant lequel des scientifiques ont annoncé que 2016 a été l’année la plus chaude enregistrée à ce jour. Ses conclusions soulèvent d’étonnantes contradictions entre ce que les Canadiens savent au sujet des répercussions des changements climatiques sur l’eau, et ce qu’ils continuent de croire au sujet de la richesse en eau du pays. Par exemple :

  • Pour une dixième année consécutive, les Canadiens affirment que l’eau est notre ressource naturelle la plus précieuse. Cependant, ils comptent encore parmi les plus grands gaspilleurs d’eau de la planète, déclarant avoir pris moins de mesures de conservation de l’eau au cours de la dernière année qu’ils ne l’ont fait en 2008.
  • Les Canadiens sont plus conscients des risques touchant la qualité de l’eau et l’approvisionnement en eau qu’il y a dix ans. Toutefois, leur niveau de confiance en ce qui a trait à la capacité de nos sources d’eau à combler nos besoins à long terme reste inchangé (à 84 %).
  • Les Canadiens sont plus sensibilisés aux sécheresses et aux inondations que par le passé. Cependant, un Canadien sur quatre est d’avis que les changements climatiques n’auront pas d’incidence sur nos sources d’eau douce. Malgré les importants efforts de sensibilisation aux changements climatiques, cette proportion est plus élevée aujourd’hui qu’en 2009.
Pour comprendre les contradictions : tout se résume à la culture et à l’économie

Selon Robert Sandford, titulaire de la chaire EPCOR sur la sécurité hydrique et climatique, Université des Nations Unies – Institut pour l’eau, l’environnement et la santé, deux facteurs peuvent expliquer ces contradictions.

« Premièrement, je crois qu’il y a une certaine part de déni. Il est difficile pour nous, les Canadiens, de concilier notre perception de longue date de l’eau comme une ressource inépuisable avec les menaces très réelles dont nous entendons parler et dont nous constatons les effets. »

« Deuxièmement, bien que les Canadiens chérissent leurs sources d’eau, ils sont peu conscients de la valeur de l’eau et de son importance pour notre prospérité économique et notre compétitivité. »

Les Canadiens – et l’économie canadienne – dépendent beaucoup de l’eau et de l’énergie. Toutefois, nos attitudes à l’égard de ces deux ressources diffèrent grandement. Selon l’étude de RBC, les Canadiens considèrent les progrès technologiques visant des économies d’énergie plus importants que ceux qui visent des économies d’eau. En outre, les Canadiens sont plus enclins à consacrer des efforts aux économies d’énergie qu’aux économies d’eau. Pourquoi ? Cela se résume probablement à l’aspect financier : 79 % des Canadiens qui prennent des mesures consommer moins d’énergie le font pour économiser de l’argent, tandis que moins de 20 % d’entre eux le font pour protéger l’environnement. Lorsqu’il est question de conservation de l’eau, ces proportions sont pratiquement inversées.

« Nous n’assumons pas les coûts réels de l’eau que nous utilisons, ni ceux qui sont liés à son transport et à son traitement, ainsi que les coûts environnementaux découlant de son gaspillage. Par conséquent, nous en sommes venus à croire que l’eau est bon marché. Rien ne nous motive à en réduire notre utilisation », conclut M. Sandford.

Le 150e anniversaire du Canada : un nouveau chapitre de notre relation avec l’eau
M. Sandford a bon espoir que 2017 marquera un tournant dans les attitudes des Canadiens à l’égard de l’eau. « Je crois que nombre de nos problèmes relatifs à l’eau deviennent de plus en plus critiques et deviennent impossibles à ignorer », affirme-t-il. Cela est important, car nous ne pouvons changer nos façons de faire avant d’avoir changé nos façons de penser.

S’appuyant sur une décennie de recherches réalisées dans le cadre de l’Étude sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’eau, RBC propose trois recommandations qui pourraient grandement contribuer à changer les attitudes des Canadiens :

  1. Mieux communiquer l’importance de l’eau pour notre prospérité économique. Il faut amener les gouvernements et les entreprises à bien comprendre l’importance de l’eau pour la prospérité de l’économie canadienne et à communiquer efficacement ce message. Le Canada a réalisé de grands progrès en matière de sensibilisation de la population aux répercussions des changements climatiques sur l’économie. Il faut maintenant faire de même pour l’eau.
  2. Se concentrer sur la mise en œuvre des solutions existantes. Les connaissances et les technologies existantes pourraient nous aider considérablement à mieux protéger nos sources d’eau et à favoriser le développement durable du pays. Dans le rapport, on souligne les investissements publics accrus qui pourraient être faits afin d’améliorer les infrastructures d’eau. Ce sont des mesures qui peuvent être prises dès maintenant.
  3. Faire preuve de leadership à l’échelle mondiale. Le Canada, dont la relation avec l’eau douce est profonde, peut se positionner en tant que chef de file mondial en matière de conservation de l’eau.

« Quiconque connaît l’histoire canadienne sait que nous avons bâti ce pays grâce à ses cours d’eau, affirme M. Sandford. Ces mêmes cours d’eau seront-ils toujours des symboles de notre identité et des moteurs de notre prospérité durant les 150 prochaines années ? Il n’en tient qu’à nous. »

 

Source : RBC Groupe Financier  

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