Dans les régions forestières du Québec, une guerre médiatique et politique fait rage. Doit-on sacrifier des emplois pour sauver des caribous ?
Il n’y a pas plus capricieux qu’un caribou. Coupez des arbres dans son domaine et il s’éloigne, frustré. Construisez des routes en forêt et il hésite à s’en approcher à moins de 4 km ou 5 km. Parcourez les bois régulièrement et il angoisse. Il paraît qu’il a en plus besoin d’un territoire intouché de 800 km2 à 1 000 km2 pour être heureux. Quel égoïste !
Pas surprenant que ce cervidé n’aime pas les bûcherons. Au Québec, chaque année, plus de 9 200 travailleurs et leur machinerie prélèvent des arbres et réaménagent ainsi la forêt. En zone boréale, principalement dans les régions administratives du Nord-du-Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, l’industrie avance toujours plus loin au nord, où les populations de caribous forestiers, un écotype du caribou des bois, se retranchent.
Alors que l’animal a déjà occupé quasiment tout le sud québécois, on compte maintenant moins de 8 500 bêtes. « Leur mortalité est trop élevée par rapport aux naissances, faisant en sorte que la population décroît depuis plusieurs décennies », constate Martin-Hugues St-Laurent, chercheur en écologie animale et en conservation à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).
Un constat partagé par tous les spécialistes qui, comme lui, se penchent sur la situation. Alertés, les gouvernements canadien et québécois ont placé le caribou forestier sur leur liste d’espèces en danger, respectivement en 2002 et 2005.
Source : Québec Science