Comment les arbres discutent dans la forêt

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Que ce soit par les airs ou par le sol, pour se nourrir ou se défendre, les arbres échangent sans cesse les uns avec les autres. De nouvelles études documentent leurs étonnantes capacités.

Vous appréciez le silence lors de vos promenades en forêt? Sachez qu’il masque en fait une intense activité! Car les arbres ressentent le monde extérieur, se défendent contre les agresseurs et échangent des messages entre eux par les sols ou par les airs, en particulier en cas de danger. L’univers de la communication végétale commence à peine à être défriché.

Le vent est un grand allié, car il peut transporter des signaux d’alarme d’une plante à l’autre, sous forme de substances volatiles comme l’éthylène. Le cas des acacias de la savane africaine est exemplaire. Dans les années 1980, en Afrique du Sud, des milliers d’antilopes koudous en captivité ont commencé à mourir mystérieusement. Le professeur Wouter Van Hoven de l’Université de Pretoria a démasqué les coupables: il s’agissait des acacias, qui, pour se défendre d’une agression trop importante, enrichissaient leurs feuilles en tanins, des substances amères et toxiques pour les herbivores, lorsqu’elles sont ingérées en trop grande quantité. Il s’est avéré que les acacias attaqués libéraient dans l’air de l’éthylène qui allait alerter les autres acacias de la menace!

Cette découverte a ouvert la piste à une longue série d’études sur les composés organiques volatils émis pas les plantes. Dans son best-seller La Vie secrète des arbres, le forestier allemand Peter Wohlleben raconte que certaines substances volatiles libérées par les plantes leur permettent de réguler leur microclimat pour qu’il soit humide et frais.

«Wood Wide Web»

Les informations entre les arbres peuvent aussi circuler à travers le sol, grâce à une association symbiotique entre les racines des arbres et les mycorhizes, des champignons microscopiques. Une équipe suisse de l’Institut Paul Scherrer en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Bâle a contribué en 2016 à éclaircir ces mécanismes d’échange de substances. Dans leur étude publiée dans Science, les chercheurs ont montré que des épicéas, mais aussi des hêtres, des pins et des mélèzes utilisent ces «routes» souterraines pour envoyer à d’autres arbres du dioxyde de carbone (CO2), essentiel pour la photosynthèse.

Dans le documentaire Intelligent Trees de Peter Wohlleben et Suzanne Simard, professeure en écologie forestière à l’Université de British Columbia, on découvre que d’autres substances, comme le phosphore, l’azote, l’eau et le sucre, peuvent aussi être transmises d’un arbre à l’autre à travers ce réseau de racines et de champignons. Suzanne Simard décrit ce complexe système racinaire, qu’elle appelle le «Wood Wide Web», comme une sorte de «cerveau» de la forêt.

D’après la chercheuse, les arbres peuvent ainsi rester connectés et certains vieux arbres, appelés «arbres mères», prennent soin des plus jeunes en leur envoyant des substances nourricières. Peter Wohlleben relate aussi l’histoire de certains couples qu’il a observés pendant des années: leurs branches grandissent comme celles d’un seul arbre, en se touchant sans se gêner. Leur lien racinaire est si fort que si l’un meurt, l’autre n’arrive pas à survivre.

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Source : Le Temps

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