Un rapport du WWF-Canada révèle de graves manques en ce qui concerne l’équipement, la formation, la planification et les infrastructures dans le Nord
Selon un rapport du Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada), les faiblesses majeures relevées dans les plans d’intervention du gouvernement du Canada en cas d’un éventuel déversement de pétrole démontrent que les communautés arctiques éloignées feraient presque certainement face à une catastrophe environnementale.
Cette recherche dévoile d’importants enjeux à propos de l’état et de la disponibilité de l’équipement d’intervention spécialisé en cas de déversement, des ressources limitées pour la formation et de la fiabilité déficiente des infrastructures de communications. Combinées à l’augmentation du trafic maritime et aux évènements météorologiques extrêmes en Arctique, ces lacunes laissent les communautés arctiques de plus en plus vulnérables.
Pour David Miller, président et chef de la direction du WWF-Canada, « les espèces arctiques, dont les ours polaires, les morses, les oiseaux de mer, ainsi que les bélugas, les narvals et les baleines boréales, seraient toutes sévèrement touchées dans l’éventualité d’un déversement. Le contrecoup se ferait aussi sentir dans les communautés arctiques qui dépendent des écosystèmes aquatiques sains pour leur alimentation. Le transport maritime fera partie du développement économique, important pour la création de communautés nordiques robustes et saines, mais nous devons nous assurer que la nature profite aussi de ces opportunités. Il est maintenant temps de mettre en place des mesures qui protégeront les communautés côtières et les espèces arctiques. »
Membres de la communauté premiers répondants
Les membres des communautés étant souvent les premiers répondants lors des déversements, ils ont besoin d’avoir accès à de l’équipement fiable afin de pouvoir contenir et nettoyer le carburant. Le mazout lourd (HFO) est le carburant normalement utilisé pour les navires de marchandises, les pétroliers et les gros bateaux de croisière. C’est aussi l’un des plus polluants sur la planète et des plus difficiles à nettoyer.
Les lacunes dans la capacité de répondre aux déversements sont présentées dans deux évaluations parallèles réalisées pour la région de Beaufort, en Arctique de l’Ouest, et pour le Nunavut dans l’Est. Le rapport révèle que seulement un petit nombre de communautés a accès à un équipement de base en cas de déversement provenant de la Garde côtière canadienne.
Les communautés qui ont de l’équipement affirment qu’il est entretenu de façon irrégulière, que trop peu de gens dans la communauté sont formés pour l’utiliser et que certaines communautés n’ont pas la clé pour accéder à cet équipement. Par ailleurs, les conditions météorologiques difficiles, les périodes de noirceur prolongée et la présence de la banquise rendent l’équipement d’intervention standard inefficace.
Le manque d’infrastructures de communication fiables rend difficile pour les communautés d’appeler à l’aide, puis pour les répondants de communiquer avec les gens sur le terrain durant une intervention lors d’un déversement.
Les conséquences d’un déversement de pétrole dans les communautés éloignées comprennent la contamination d’habitats pour des espèces importantes comme les ours polaires, les morses, les oiseaux de mer et les phoques, ainsi que les narvals, les bélugas et les baleines boréales ; la destruction à long terme de l’habitat du poisson, aliment de base en Arctique. La contamination à large portée si le carburant demeure sous la banquise et se déplace vers d’autres communautés à des kilomètres de distance est également un risque important.
Mettre en place un plan de réponse
Un troisième rapport expose les grandes lignes d’un cadre pour la création de plans de réponse en cas de déversement dans les communautés éloignées au Nunavut.
Même si les risques d’un déversement à grande échelle en Arctique sont encore minces pour l’instant, les conséquences pourraient être importantes. Alors que la banquise fond et que le trafic maritime augmente, il faut saisir l’opportunité d’agir maintenant, quand le trafic est encore relativement bas, afin de mettre en place des mesures pour intervenir en cas de déversements ou de les prévenir avant toute chose. Parce que les communautés arctiques peu peuplées assument les risques de déversements, elles ont besoin à la fois d’un équipement adéquat et de plans d’intervention spécifiquement adaptés à l’environnement extrême de l’Arctique.
Le rapport recommande que les navires cessent d’avoir recours au HFO, le carburant le plus toxique et difficile à nettoyer de tous les carburants dans l’Arctique. Il est nécessaire d’harmoniser les normes de temps de réponse dans le Nord avec celles au sud du 60e parallèle et de développer des plans d’intervention basés sur la communauté. Pour cela, il faut consulter les organisations inuit pour les décisions qui affectent les communautés arctiques et utiliser autant les connaissances scientifiques que traditionnelles pour identifier les routes maritimes et les aires à éviter, tout en augmentant le financement pour la formation des répondants communautaires.
Source : WWF Canada