Par Jean Hamann
Une étude soulève des questions sur la situation réelle des populations d’oiseaux de la forêt boréale québécoise
La bonne nouvelle d’abord: au cours des deux dernières décennies, les populations d’oiseaux ont été stables ou en hausse à la Forêt Montmorency.
La nouvelle déroutante maintenant: les indices d’abondance qui y ont été mesurés sont très faiblement corrélés avec ceux rapportés par les autres programmes de recensement d’oiseaux au Québec.
Ces résultats, publiés dans un récent numéro du Naturaliste canadien, soulèvent des questions sur la situation réelle des populations d’oiseaux de la forêt boréale québécoise et sur la fiabilité des données produites par les différents programmes de suivi, estiment les deux auteurs de l’étude, André Desrochers, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt et chercheur au Centre d’étude de la forêt, et Bruno Drolet, du Service canadien de la faune.
Effectifs en déclin
Chaque année, entre 300 et 500 millions d’oiseaux appartenant à quelque 180 espèces migrent des États-Unis et de l’Amérique latine vers le Québec pour s’y reproduire. Même si ces chiffres sont impressionnants, les effectifs des oiseaux de la forêt boréale seraient en déclin depuis quelques décennies, au point où le nombre d’espèces au statut précaire est en hausse. Toutefois, considérant la superficie de la forêt boréale et les limitations des programmes de suivi des populations d’oiseaux, il y a lieu de s’interroger sur la fiabilité des données issues de ces programmes.
Les chercheurs Desrochers et Drolet ont voulu jeter un nouvel éclairage sur la question en analysant les données recueillies par le Programme de surveillance des oiseaux nicheurs de la Forêt Montmorency, la forêt d’enseignement et de recherche de l’Université Laval, située dans la sapinière boréale humide, à 70 km au nord de Québec. Entre 1995 et 2016, près de 62 000 observations d’oiseaux ont été faites lors de visites effectuées pendant la période de nidification aux quelque 5 800 stations d’écoute réparties sur ce territoire.
L’analyse des données portant sur les 32 espèces observées au moins 100 fois révèle que leurs effectifs sont demeurés stables ou qu’ils ont augmenté au cours des deux dernières décennies. Ces augmentations ont été observées tant chez les espèces fréquentant les peuplements en régénération que chez celles des forêts fermées ou matures.
Source : Journal Le Fil, Université Laval