Les abattoirs du Québec doivent réaliser que le partage des connaissances et la réduction à la source de la consommation d’eau et des charges polluantes permettront une meilleure gestion de leurs eaux usées. C’est une nécessité en raison des impacts sur la santé publique et l’environnement des rejets industriels.
Défi majeur : lacune dans la mise en place de technologies propres
Peu d’abattoirs québécois adoptent des technologies propres existantes et des solutions efficaces pour optimiser le traitement des eaux usées. Pourtant, leur mise en place est souvent simple et peu coûteuse.
En ce sens, l’adoption de mesures administratives ou des changements opérationnels au sein de la chaîne de production favoriseraient la réduction de la consommation d’eau et la diminution de la charge polluante des eaux usées. Exemples : la mise en place d’un programme de gestion de l’eau sur la sensibilisation du personnel et le changement des méthodes de travail des employés ou, la modification ou le remplacement d’équipements afin de consommer moins d’eau potable et générer moins d’eaux usées.
Absence de partage des connaissances
L’absence de mise en place de technologies propres est essentiellement liée au manque de partage de connaissances relatif à la gestion des eaux usées dans les abattoirs du Québec. Les entreprises travaillent en silo et ne diffusent pas les connaissances qu’elles ont acquises. Pourtant, le partage des connaissances mènerait à un important gain, tant monétaire qu’environnemental, pour toutes les entreprises de ce secteur. Ainsi, dans cette Ère de développement durable, il devient primordial de soutenir l’industrie de l’abattage animal dans son besoin de modernisation et d’innovation en matière de gestion des eaux usées. Mais la solution part d’abord et avant tout d’eux.
Absence d’un outil de gestion intégrée
Le ministère du développement durable du Québec est responsable de gérer l’octroi des certificats d’autorisation et d’assurer les suivis de conformité. Or, il n’a développé aucun répertoire réunissant les informations sur la gestion des eaux usées des abattoirs de la province. Un tel répertoire serait pourtant un outil de base d’une bonne gestion intégrée.
De plus, le processus d’attribution des normes de rejets au secteur agroalimentaire n’est encadré par aucune obligation légale. La mise en place d’un règlement sur les rejets d’eaux usées des abattoirs est primordiale : il apporterait une solution pour établir des règles spécifiques à suivre en fonction du type de rejet des établissements.
Une solution pour concilier environnement, économie et santé publique
La gestion des eaux usées est de plus en plus exigée sur le territoire de la province étant donné que les rejets industriels représentent un poids pour l’environnement et une menace pour la santé publique. Les effluents générés par les abattoirs possèdent des charges organiques élevées, ce qui constitue une menace pour les écosystèmes en plus de représenter un risque microbiologique et toxicologique pour la santé humaine. Leurs gestions sont d’autant plus importantes qu’elles sont complexifiées par la surconsommation d’eau qui est effectuée par ce secteur d’activité. Les technologies propres constituent la solution évidente permettant de concilier environnement, économie et santé publique.
Source : Mari-Ève Lindsay, biologiste diplômée à la maîtrise en environnement de l’Université de Sherbrooke.
Cet article est une synthèse de son essai de maîtrise publié sur SAVOIRS UdeS, sous la supervision de Jean Laperrière, ingénieur en environnement et chargé de cours dans plusieurs universités du Québec dont l’université de Sherbrooke.
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