Le Canada est devenu le premier pays au monde à adopter une réglementation ambitieuse et détaillée pour les émissions de méthane des secteurs pétrolier et gazier, ce qui constitue un pas important dans la lutte aux changements climatiques.
La réglementation annoncée aujourd’hui est un élément clé des engagements qu’Ottawa a pris dans le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques qui cible une réduction des émissions de méthane de l’industrie des hydrocarbures d’entre 40% et 45% sur une période de huit ans.
Lutte contre les changements climatiques
« Aujourd’hui, le gouvernement fédéral a adopté une solution essentielle à la réussite du plan canadien de lutte aux changements climatiques », a déclaré Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki au Québec. « Avec cette réglementation, l’industrie du gaz et du pétrole devra enfin assumer sa part de responsabilité pour faire en sorte que le Canada respecte ses objectifs climatiques. »
Cette réglementation représente la contribution la plus significative d’Ottawa pour obliger l’industrie à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et pour s’assurer qu’elle fera sa juste contribution à la réussite du plan canadien de lutte aux changements climatiques
« La technologie pour réduire les émissions de méthane des secteurs pétrolier et gazier existe déjà, et la recherche démontre qu’elle est l’une des manières les plus abordables, simples et efficaces de lutter contre les changements climatiques », a ajouté Karel Mayrand.
Responsabilité des provinces
Avec cette réglementation, la responsabilité d’atteindre ou de dépasser les objectifs fixés par le fédéral revient maintenant aux provinces. En même temps, Ottawa devra veiller au respect des objectifs si l’une des provinces accuse un retard.
« Nous avons déjà des indicateurs démontrant que certaines provinces ne fournissent pas d’efforts suffisants, surtout l’Alberta. Nous nous attendons à ce que le gouvernement fédéral exerce son autorité pour s’assurer que le fardeau soit partagé équitablement entre toutes les provinces », a poursuivi M Mayrand.
Émissions fugitives sous-estimées
Plusieurs travaux académiques confirment qu’Ottawa, les provinces et l’industrie continuent de sous-estimer et de sous-déclarer les émissions fugitives de méthane provenant du secteur gazier et pétrolier. Une étude scientifique publiée en avril 2017 par la Fondation David Suzuki et l’Université St Francis Xavier conclut que les émissions de méthane du secteur de la fracturation hydraulique du gaz et pétrole en Colombie-Britannique sont au moins 2,5 fois plus importantes que les estimations du gouvernement.
« Ces émissions de méthane non comptabilisées représentent l’un des problèmes les plus graves pour le Canada en termes d’émissions des gaz à effet de serre. Nous savons que les solutions sont à portée de main. Les efforts de contrôle des émissions fugitives de méthane des secteurs gazier et pétrolier peuvent générer des emplois, tout comme les investissements en énergies propres et renouvelables qui contribueront à diversifier nos sources d’énergie dans le contexte d’une économie moderne », a conclu Karel Mayrand.
Émissions de méthane – Faits saillants
- Sur une période de 20 ans, le méthane est un gaz à effet de serre 84 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Les scientifiques s’entendent pour dire que le méthane est responsable de 25 % des changements observés dans le climat de la Terre, ce qui fait de ce gaz une priorité absolue en termes de lutte aux changements climatiques.
- En 2017, l’Agence internationale de l’énergie (IEA) a estimé à 76 millions de tonnes par année les émissions de méthane de l’industrie pétrolière et gazière au niveau mondial. L’IEA affirmait du même coup qu’entre 40 et 50% de ces émissions pourraient être éliminées à coût nul. L’IEA affirme que le fait de s’attaquer globalement à ces émissions fugitives aurait le même impact d’ici 2100 que la fermeture de toutes les centrales électriques au charbon en Chine.
- La raison principale pour laquelle l’IEA estime que la réduction d’entre 40% et 50% des émissions fugitives pourrait se faire à coût nul provient du fait que le gaz ainsi capturé pourrait être vendu sur le marché.
Source : Fondation David Suzuki