Lettre d'opinion – Esclandre journalistique des maires Lévesque et Richard

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Dans Le Nouvelliste du 22 février, la journaliste Nancy Massicotte rapporte les commentaires des maires Lévesque et Richard concernant leur esclandre de lundi dernier à l’Auberge Godefroy de Bécancour. L’analyse que font les maires de l’incident provoqué par leurs injures à l’égard de la journaliste Maude Montembeault est d’une telle puérilité qu’aucun journaliste présent à la conférence de presse ne s’y laissera berner.

Selon les maires, la façon dont la journaliste a posé sa question aurait été « inappropriée et démesurée… mal formulée ». Le Maire Lévesquedéclare même qu’il « faut remettre le tout dans son contexte. »

J’étais présent lors de cet évènement. La journaliste a posé sa question de façon tout à fait professionnelle, brièvement et respectueusement. Rien dans le ton, la façon et les mots utilisés ne pouvait être perçu comme injurieux, provocateur ou inapproprié. Elle demandait simplement à la Ministre Boulet si elle irait de l’avant avec la réfection de G-2 advenant un dépassement de coûts. Rien ne justifiait la Ministre de répondre qu’elle n’est pas innocente, réponse évoquée par le maire Lévesque pour justifier sa propre interprétation de l’incident.

Ce qui a choqué les Maires, c’est plutôt la nature et la pertinence de la question de la journaliste. Ils avaient orchestré la conférence de telle sorte qu’aucune intervention contraire à leurs propres objectifs ne puisse survenir. La présence du public autre que les employés de G-2 et que les pro-réfection n’était pas bienvenue, c’est d’ailleurs pourquoi ils n’ont convoqué les journalistes qu’à la dernière minute. Or, la question de la journaliste n’était nullement anti-réfection, elle était à la fois objective et représentative des questionnements et inquiétudes légitimes des citoyens, rien de plus ni de moins. Par contre, elle obligeait la Ministre à se prononcer sur cet aspect litigieux des dépassements de coût inévitables de la réfection de G-2, et c’est ce qui a déplu aux maires et à la Ministre. C’est ça le contexte réel de l’incident, n’en déplaise aux maires.

Dans le cas du maire Lévesque, cette attitude envers toute personne questionnant sa propre façon de voir les choses n’est pas inhabituelle. Il est bien connu qu’il rabroue, invective et ridiculise publiquement toute personne remettant en question sa gestion de la chose publique, notamment sur les questions touchant l’environnement. Son mépris pour la démarche démocratique lorsque celle-ci dessert ses desseins est notoire.

C’est ainsi qu’il a négligé de soumettre à l’examen et au vote des échevins de Trois-Rivières une proposition de résolutions émanant du Regroupement Municipal Québécois pour un Futur Énergétique Socialement Responsable (RMQ-FÉSR), résolutions adoptées par environ 300 municipalités et MRC du Québec et qui demandent au gouvernement de renoncer au nucléaire, d’interdire le transport de déchets nucléaires dans la Vallée du Saint-Laurent et de lancer un vaste chantier pan-québécois d’économie d’énergie et d’exploitation d’énergies renouvelables. En dépit de plusieurs relances de la part du RMQ-FÉSR, le maire Lévesque n’avait même pas daigné informer les échevins de cette initiative pourtant cruciale dans le contexte actuel des changements climatiques et des accidents nucléaires. Et vive la démocratie, façon petit caporal!

Quant au maire Richard, il faut bien admettre que sa façon de communiquer avec les citoyens est beaucoup plus élégante et respectueuse. Au moins il est possible de lui adresser la parole sans qu’il se mette aussitôt à japper après ses interlocuteurs. Néanmoins, il est décevant de constater qu’à l’instar de son collègue, il préfère mettre sa réaction et ses propos sur le compte d’une présumée maladresse de la journaliste Montembeault  plutôt que sur sa propre incapacité du moment à accepter une contrariété dans son plan de match pour l’évènement.

En résumé, on ne peut absolument rien reprocher en la circonstance à la journaliste Montembeault. La position commune des deux maires sur l’incident indique clairement leur manque d’auto-critique, la non sincérité de leurs excuses et leur irrespect envers la profession journalistique et le droit des citoyens à une information objective et complète. 

 

Robert Duchesne, Trois-Rivières

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