Mise en œuvre de l’accord de Paris : un défi de taille

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Marrakech, 25 000 délégués sont réunis pour la 22e conférence des parties (CdP22) sur les changements climatiques. Surnommée la conférence de l’action, la CdP22 vise à amorcer la mise en œuvre de l’accord de Paris. Si la grande majorité des Parties s’accordent  sur l’importance d’un engagement fort, la mise en œuvre de l’accord de Paris demeure plus abstraite.

Bien qu’il s’agisse d’un accord volontaire à portée non-contraignante, l’accord de Paris est considéré comme une réussite historique pour la lutte contre les changements climatiques. C’est précisément l’aspect volontaire qui a mené les Partie à coopérer et à se positionner rapidement. Or, cette absence de contrainte pourrait également se révéler être une grande faiblesse.

 

Rehausser le niveau d’ambition

Selon les dispositions de l’accord de Paris, les Parties doivent décider de leur propre contribution nationale à la réduction des GES. Malgré le désir d’engagement et de mise en œuvre, le total des contributions des Parties ne permet actuellement pas d’atteindre l’objectif de l’accord de Paris de contenir « […] l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et [de poursuivre]l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels […] »[1].

Ainsi, d’ici 2020, les pays devront coopérer afin de trouver les méthodes et les outils qui permettront de rehausser le niveau d’ambition requis pour respecter les engagements pris à Paris.

 

 

Vers une communauté de partage

Un des moyens de relever le défi de l’ambition réside dans le partage d’expérience qu’on retrouve dans la décision 1/CP.21 dans ces termes, « Plate-forme pour l’échange d’expérience et le partage des meilleures pratiques en atténuation et adaptation, d’une façon holistique et intégré une intégration holistique. »[2]. Selon Katarina Luhr, Vice-Mairesse de l’Environnement de la ville de Stockholm, la multiplication de plates-formes de partage entre gouvernements, villes, compagnies, citoyens serait extrêmement plus que pertinente.Il faut dire que Stockholm fait partie du c40, et vise à être complètement verte en 2040.

De plus, la création d’une communauté de bonnes pratiques, dans le domaine des cibles de développement,  d’évaluation de l’action et de la mise en œuvre, ainsi que la création d’une culture d’ouverture, au moyen d’étude de cas, de publications et de couverture médiatique sont également des pistes de solution.

 

Une plus grande participation de la société civile dans la mise en oeuvre de l’accord de Paris

L’inaccessibilité de certaines rencontres pour une grande partie des observateurs illustre bien les enjeux de participation des acteurs non-étatiques. Les délégués de la société civile ont critiqué le fait que plusieurs négociations se déroulaient derrière des portes closes.  Pendant que les acteurs étatiques ne cessent de rappeler à quel point la société civile est de plus en plus importante[3], les actions montrent plutôt que  l’espace politique accordé à la société civile se rétrécit.

L’accessibilité et le partage d’informations permettent également une plus grande capacité d’action, ce qui pourrait mener à l’adoption de cibles plus ambitieuses nécessaires pour respecter l’accord de Paris.

 

Les grands émetteurs doivent montrer la voie

La nécessité de développer le mécanisme d’ambition, afin de combler l’écart entre les contributions nationales des Parties et ce qui est requis par la science, est plus qu’urgente. En effet, les pays réussiront-ils à relever leur niveau d’ambition en matière d’objectifs de réduction de gas à effet de serre? Et le feront-il à temps?

Pour Samir Amous, directeur général de APEX Conseil, des pays tels que la Tunisie, le Maroc et  l’Afrique du Sud, se montrent ambitieux dans leurs contributions nationales, mais il ne s’agit pas des acteurs clés. Voilà pourquoi une grande partie du casse-tête repose sur les plus grands émetteurs qui doivent montrer la voie.

 



[1]
CCNUCC, « Accord de Paris », 2015, p.28, http://unfccc.int/files/essential_background/convention/application/pdf/french_paris_agreement.pdf.

[2]CCNUCC, « Taking the Paris Agreement forward: Tasks arising from decision 1/CP.21 », mars 2016,  p.6, http://unfccc.int/files/bodies/cop/application/pdf/overview_1cp21_tasks_.pdf.

[3]Plan d’action Lima-Paris, http://newsroom.unfccc.int/lpaa-fr/cop-21/

Marie Anne Sylvestre-Loubier
Correspondante pour GaïaPresse à la COP22

Marie Anne Sylvestre-Loubier détient un baccalauréat en Études Politiques Appliquées de l’Université de Sherbrooke et réalise présentement une maitrise en Politique Appliquée avec une spécialisation en environnement. Ayant spécialisé son diplôme de premier cycle dans les relations internationales, la CdP22 (COP22) est pour elle l’occasion rêvée de juxtaposer ses deux volets d’études.

Marie Anne fait partie de la délégation de l’Université de Sherbrooke présente à la CdP 22, et elle s’intéresse particulièrement aux politiques environnementales sur le plan international. Plus spécifiquement, ses intérêts se dirigent vers le secteur des transports, des énergies renouvelables et de la place des acteurs non-étatiques dans les négociations internationales.

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