Caribou : les ministres de l’environnement ont le devoir de protéger son habitat naturel

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Des groupes environnementaux font appel aux ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de l’environnement afin qu’ils agissent rapidement pour protéger les troupeaux de caribous forestiers en danger et prennent des mesures importantes pour protéger leur habitat. L’appel est lancé juste avant la tenue de la réunion des ministres de l’Environnement à Ottawa les 21 et 22 février prochain. 

Cela fait près de cinq ans que le Programme fédéral de rétablissement du caribou des bois, Population boréale a été lancé en vertu de la Loi sur les espèces en péril(LEP). Le programme a mis au point un seuil de risque pour la gestion du caribou, et vise à guider les provinces à maintenir ou rétablir chaque parc de caribous de manière à ce qu’au moins 65 % ne soient pas perturbés. Ceci est primordial pour la survie des caribous qui ont besoin d’un habitat non perturbé pour éviter les prédateurs. Des plans d’aménagement conformes à la LEP pour chaque troupeau de caribous sont attendus de la part des provinces d’ici octobre 2017.

Pourtant, partout au Canada, les activités industrielles telles que l’exploitation du pétrole, du gaz et des forêts continuent de perturber l’habitat essentiel du caribou. Par exemple, même si l’habitat de la région Little Smoky du centre-ouest de l’Alberta est perturbé à plus de 95 %, la province a publié un projet de plan d’aménagement qui autorise l’exploitation future de l’industrie forestière ainsi que du pétrole et du gaz. En Ontario et au Québec, l’exploitation forestière continue de dégrader l’habitat non perturbé du caribou. En raison d’une augmentation de perturbations industrielles, la harde de caribous de Brightsand est passée d’une persistance «incertaine» à une persistance «improbable».

Plus de la moitié de la population vouée à disparaître

Un article récent publié dans la revue Biological Conservation a conclu que sans une amélioration importante des mesures de préservation de l’habitat au cours des prochaines décennies, le Canada perdra probablement plus de la moitié de sa population actuelle de caribous forestiers, en particulier dans l’Ouest canadien.

«Les scientifiques s’entendent tous pour dire qu’il existe une méthode claire pour rétablir le niveau de population des caribous forestiers à son niveau historique, or nous continuons de voir les provinces autoriser la destruction de l’habitat tout en s’engageant dans des solutions de fortune telles que le contrôle des prédateurs ou des enclos permanents comme dans les jardins zoologiques, a déclaré Louise Hénault-Ethier, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki. Si nous voulons avoir des caribous sauvages à l’avenir, la protection de leur habitat et la restauration des aires doivent être remises au sommet des priorités.»

Les organismes environnementaux estiment que l’économie peut fonctionner à la fois pour le caribou et pour l’industrie. Les systèmes de location de propriétés foncières peuvent être restructurés pour réduire la pression sur l’habitat essentiel du caribou. Certaines activités peuvent être restreintes aux zones perturbées existantes et, là où les seuils de perturbation sont déjà dépassés, des initiatives de restauration peuvent être entamées.

Des mesures à prendre rapidement

«La protection du caribou est synonyme d’une forêt boréale en santé. Nous avons les connaissances et la capacité d’être de bons intendants — nous pouvons protéger notre faune et avoir des industries forestières durables en parallèle, a déclaré Olivier Kolmel, chargé de campagne forêt chez Greenpeace. Le gouvernement doit agir maintenant, car bientôt il sera trop tard.»

La protection et la restauration de l’habitat du caribou auront des répercussions qui vont bien au-delà de la restauration de la population du caribou. La forêt boréale dont dépend le caribou est l’une des plus grandes sources de captage et stockage de carbone au monde et fournit l’habitat et des lieux de repos à des centaines d’autres espèces, notamment les oiseaux migrateurs.

«Afin de respecter nos lois sur les espèces en péril et nos engagements envers l’environnement, les provinces doivent urgemment fixer et imposer des limites aux perturbations de surface dans les aires des caribous », a déclaré Carolyn Campbell, spécialiste en conservation de l’Alberta Wilderness Association. De plus, les promesses importantes portant sur les aires protégées doivent être par la suite implémentées en actions.»

Depuis 2005 le caribou forestier est une espèce désignée comme vulnérable au Québec. Sa présence est un indicateur de la santé d’un plus vaste écosystème.

Source : Fondation David Suzuki

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