L’Antarctique verdit rapidement sous l’effet du changement climatique

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© Matt Amesbury

© Matt Amesbury

La végétation a poussé de plus en plus vite en Antarctique ces dernières décennies sous l’effet du changement climatique, révèle une étude publiée la semaine dernière selon laquelle ce vaste continent blanc pourrait devenir de plus en plus vert.

Peu de plantes vivent sur cette péninsule mais l’étude de mousses poussant sur les rives de l’océan Antarctique montre un très net accroissement de l’activité biologique ces cinquante dernières années, ont souligné les scientifiques dont les travaux sont présentés dans la revue américaine Current Biology.

Ils ont analysé cinq carottes prélevées dans des couches de mousse qui se préserve très longtemps grâce au froid. Ces prélèvements ont été effectués à trois emplacements distants au total d’environ 640 km dans la péninsule antarctique sur les îles de l’Eléphant, d’Ardley et de Green, où les couches de mousse sont les plus épaisses et les plus anciennes.

Ils ont permis de remonter plus de 150 ans en arrière, et ainsi de reconstituer l’évolution du climat sur une longue période.

Leur analyse montre clairement un accroissement de l’activité biologique ces cinquante dernières années.

«La température monte depuis environ la moitié du siècle dernier dans l’Antarctique ce qui a un effet majeur sur la croissance de la mousse dans la région», a expliqué Matt Amesbury, chercheur à l’université britannique d’Exeter.

En fait, la péninsule antarctique est l’une des régions ayant connu le réchauffement le plus rapide sur la planète avec une hausse de la température d’environ 0,5 degré Celsius par décennie depuis les années 1950.

Outre cette hausse du thermomètre, d’autres indications du changement climatique dans l’Antarctique ont été identifiées comme un accroissement des précipitations et des vents plus puissants.

Plus verdoyant

La hausse des températures entraînerait une croissance des mousses et lichens © AFP / François D'ASTIER

La hausse des températures entraînerait une croissance des mousses et lichens
© AFP / François D’ASTIER

 

«La sensibilité de la pousse de la mousse à la montée de la température dans le passé laisse penser que l’altération des écosystèmes se produira rapidement avec le réchauffement planétaire en cours, ce qui entraînera des bouleversements dans la biologie et dans le paysage de cette région emblématique», a prédit le professeur Dan Charman, directeur du projet de recherche.

«Si le réchauffement se poursuit, il y aura un retrait accru des glaciers et la Péninsule Antarctique sera un lieu beaucoup plus verdoyant à l’avenir», a relevé M. Amesbury.

Ces mêmes scientifiques avaient déjà étudié des mousses en 2013 mais sur un seul site, dans le sud de cette péninsule, où ils avaient constaté une croissance accélérée de cette végétation sous l’effet de la montée de la température.

«Désormais, nous savons que ces étendues de mousses réagissent au récent changement climatique sur l’ensemble de la Péninsule», a pointé M. Amesbury.

La vie végétale existe aujourd’hui sur environ 0,3% du territoire antarctique mais l’étude publiée jeudi offre un moyen de mesurer l’étendue et les effets du réchauffement sur l’ensemble du continent, a-t-il fait valoir.

Ces scientifiques prévoient à présent d’analyser des carottes de mousse permettant de remonter sur plusieurs milliers d’années. Ils devraient pouvoir ainsi déterminer comment le changement climatique a affecté les écosystèmes à travers le temps, en particulier avant que les activités humaines ne commencent à causer le réchauffement actuel, soit depuis le début de l’ère industrielle à la fin du XIX siècle.

Source : Agence France Presse

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