La disparition des tourbières tropicales accélère le réchauffement climatique

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© AFP / BAY ISMOYO Une forêt de tourbières dévastée dans Pangkalan Bunut, en Indonésie, dans la province de Riau

Les tourbières boisées des zones tropicales, d’importants puits de carbone, sont menacées par les changements climatiques qui, en changeant les précipitations pourraient les assécher, contribuant à accélérer le réchauffement de la planète, selon une étude publiée lundi.

Ces zones marécageuses qui occupaient de vastes étendues, notamment en Asie du sud-est, contribuaient jusqu’ici à retirer du dyoxide de carbone (CO2) de l’atmosphère et à freiner le réchauffement planétaire.

Mais ces tourbières forestières disparaissent rapidement en raison des coupes claires et de leur assèchement pour la culture notamment du palmier à huile ou des constructions, expliquent les auteurs dont l’étude paraît dans la dernière édition des Comptes rendus de l’académie américaine des sciences (PNAS).

Ces puits de carbone font désormais face à la menace du réchauffement climatique qui, en altérant le cycle des précipitations, pourrait les assécher, explique le professeur Charles Harvey du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’un des auteurs.

«Il y a un très grand nombre de tourbières en Asie du sud-est mais presque toutes ont été déboisées», explique le professeur Harvey qui enseigne l’ingénierie civile et environnementale au MIT.

 10 à 40% des émissions de CO2 mondiales annuelles

Ces tourbières deviennent maintenant émettrices nettes de CO2, contribuant à accélérer le réchauffement de la planète. Une fois déboisées et drainées, les tourbières s’assèchent et les matériaux organiques du sol s’oxydent sous forme de CO2 et retournent dans l’atmosphère. Parfois, elles prennent feu et brûlent pendant très longtemps, formant de gros nuages de fumée qui polluent l’atmosphère.

Les tourbières tropicales peuvent contenir autant de CO2 que la combustion mondiale de carburants fossiles sur d’une décennie, selon ces scientifiques. Les foyers de tourbières en Indonésie ont à eux seuls contribué «certaines années» à hauteur de 10 à 40% des émissions de CO2 dans l’atmosphère de toutes les sources mondiales de combustion de charbon, de pétrole et de gaz naturel, précisent-ils.

A la différence des tourbières tropicales, celles qui se trouvent en zone tempérée sont dominées par des mousses. Sous les tropiques, les tourbières sont boisées d’arbres pouvant atteindre 45 mètres de haut et des incendies peuvent parfois consumer de vastes étendues de ces forêts.

Pour cette étude, le professeur Harvey a étudié l’une des dernières tourbières tropicales parfaitement préservée à Brunei sur l’Ile de Bornéo. «Nous avons découvert cette tourbière sur laquelle la végétation continue de pousser», précise ce chercheur.  Cela s’explique par le fait que cette nation riche en pétrole peut résister à l’attrait économique du marché de l’huile de palme.

L’étude de cette tourbière préservée a permis de voir comment ces zones fonctionnent dans des conditions environnementales normales permettant de fournir une référence pour mieux comprendre les changements de ces zones et peut-être pouvoir en préserver certaines ou en régénérer d’autres.

Source : Agence France Presse

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