DOSSIER ALTERNATIVES ÉNERGÉTIQUES: L’Alberta, dépendante de l’or noir des sables bitumineux

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Par Catherine Bernard

 

Photo de khunaspix – Freedigitalphotos

Des élections provinciales anticipées et un budget déficitaire : l’Alberta écope toujours des conséquences de la chute drastique du prix du pétrole de septembre 2014, qui avait atteint 50 % de sa valeur habituelle. Portrait d’une province qui a misé une bonne partie de son économie sur l’exploitation des sables bitumineux au nord de son territoire.

Située dans l’ouest du Canada, la province de l’Alberta jouit d’une situation économique enviable depuis que la croissance de l’industrie des sables bitumineux lui verse en redevances un peu plus de 20 % de son PIB. Ayant surmonté haut la main la crise de 2008, la province montre aujourd’hui une différente facette à la suite de la chute du prix du baril de pétrole.

La situation actuelle des prix du pétrole en baisse pousse l’Alberta au rang des provinces déficitaires.

Malgré la ténacité des villes nourries par l’industrie pétrolière, les faits ne trompent pas : à la baisse des investissements s’ensuit une réduction de la production qui, logiquement, mène vers la suppression de plusieurs emplois dans le secteur.

 

Des projets retardés

En début d’année 2015, la compagnie pétrolière canadienne Suncor a mis deux projets sur la glace : le projet Rivière MacKay 2, situé dans le secteur de Fort McMurray, et l'extension White Rose à Terre-Neuve-et-Labrador.

Quelques mois plus tôt, d’importantes décisions de la part de certains géants mondiaux comme Statoil, Total et Shell chamboulaient le marché; ceux-ci venaient d’abandonner trois projets d’exploitation des sables bitumineux.

« Dans une situation comme la nôtre actuellement, les compagnies ont besoin de s’ajuster. Il y a donc un déclin de la production, car c’est nécessaire pour relancer la demande », explique l’économiste spécialisé en énergie à l'Université d'Ottawa,Jean-Thomas Bernard.

L’Association canadienne des producteurs de pétrole et la Conference Board du Canada ont toutes les deux affirmé que les investissements seraient à la baisse cette année dans l’Ouest canadien.

Une réduction qui n’est pas sans conséquence pour l’Alberta et ses habitants.

 

Perte d’emplois dans l’industrie

La compagnie norvégienne Statoil a ouvert le bal dès septembre 2014 en annonçant la perte de 70 emplois.

Un mois plus tard, le géant pétrolier français Total réduisait ses effectifs de 150 employés canadiens au sein de sa filière en Alberta.

En janvier 2015, Suncor annonçait une réduction de 1000 emplois pour l’année en cours qui touchera principalement les travailleurs contractuels, puis les employés à long terme.

Avec un prix du pétrole en baisse, les compagnies raisonnent avec logique. Elles doivent gérer leurs coûts et leurs dépenses.

 

Un budget déficitaire entraine des élections

La province de l’Alberta présentait son budget annuel le 26 mars dernier.

Le bas prix du pétrole a durement touché aux finances publiques de la province et le budget révèle un déficit record de 5 milliards de dollars au cours de l’année prochaine.

Au menu, des coupes d’environ 323 millions de dollars dans le budget de l’État et une augmentation des impôts, une première fois depuis 1987.

Une décision difficile à accepter dans une province connue pour son faible taux d’imposition – depuis plusieurs années, les Albertains paient annuellement 10 % d’impôts au gouvernement provincial, tous salaires confondus.

Le premier ministre Jim Prentice annonçait le 7 avril dernier la tenue d’élections provinciales et invitait les Albertains à se présenter au scrutin le 5 mai prochain.

Les élections en Alberta se tenant à date fixe, les prochaines élections étaient prévues en début de l’an prochain, mais le gouvernement Prentice a dit vouloir un scrutin plus tôt afin de pouvoir mettre en place un plan pour sortir la province de cette récession, s’il était réélu.

Les deux partis d’oppositions, le Parti Wildrose et le Nouveau Parti démocratique, profite du budget déficitaire afin de pointer du doigt le gouvernement actuellement au pouvoir. Alors que l’un dénonce la hausse du taux d’imposition, l’autre s’oppose aux coupes budgétaires.

Souhaitant rattraper le contrôle de la situation économique de la province, le premier ministre M. Prentice affirme vouloir réduire la dépendance de l’Alberta aux redevances du secteur de l’énergie.

Consulter notre dossier spécial Alternatives énergétiques

 

Source: GaïaPresse

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