Par Anny Schneider
Un consensus : il faut que ça change!
Heureusement, comme souvent, les réponses sont justes à côté des questions et les vrais amoureux de la terre y ont répondu sans peine, étant confrontés depuis longtemps aux mêmes aberrations. La première réponse est bien sûr dans la nécessité de briser le monopole absolu d’un syndicat unique, imposé de force par une puissante élite de la vieille garde, car de tous les exploitants agricoles, actuellement 94% des agriculteurs sont membres (obligatoires) de l’UPA. Les autres sont des resquilleurs ou alors des membres de l’Union Paysanne, association qui prône depuis longtemps la liberté de choix et le pluralisme syndical, comme dans la plupart des pays civilisés de la planète.
Le rapport Pronovost recommande aussi l’étiquetage individuel des produits OGM, qui sont déjà boycottés en Europe. Greenpeace Canada applaudit le rapport, bien sûr ! Mais, il avait pris les devants et il fournit déjà la liste des aliments contenant des OGM dans une brochure que vous pouvez obtenir gratuitement ou télécharger de son site internet. (cliquez ici)
Voici un exemple de l’absurdité des choix des «agro industrieux» de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), des comptables à courte vue : un jeune artisan-pâtissier local (qui fait d’ailleurs des gâteaux délicieux Mmm!), me disait que la farine venait d’augmenter de 20% car des grands producteurs céréaliers de l’Ouest avaient choisi de convertir leurs terres pour du maïs éthanol, subventionné et d’office plus payant. Du coup, on importe le blé d’Australie, avec l’augmentation évidente, due à la loi du marché et aux coûts de transport, en outre très polluants, vu la distance parcourue…
Solutions évidentes
Les écologistes en général, l’Union Paysanne évidemment, mais aussi Solidarité Rurale et à sa tête Jacques Proulx, ancien président de l’UPA, devenu sage avec l’expérience, tous préconisent l’application des pratiques de la culture biologique pour maintenir la santé de la terre et de ses habitants, dans une optique de réel développement durable.
Penser à long terme, local et global
Une autre idée intéressante élaborée dans cette étude, d’ailleurs comme dans le récent rapport sur la forêt, serait de régionaliser la gestion de l’agriculture, parallèlement à celle de l’eau, si vitale pour ce domaine. Actuellement en Haute-Yamaska, notre préfet et les maires en sont bien conscients, le compostage généralisé étant une autre avenue pour mieux fertiliser le sol sans polluer et même de diversifier la production de fruits et légumes locaux, par exemple. Ainsi, de donner plus de pouvoir décisionnel aux MRC, d’encourager et d’outiller mieux nos jeunes agriculteurs–novateurs, tout en assurant la santé du sol (et des individus) et la pérennité du métier, voilà une autre bonne idée coulant de source, puisque tout est relié dans la chaîne agro-alimentaire, écologique et humaine.
Prière de ne pas tabletter S.V.P., car la soupe est chaude…
Mon ultime souhait d’écologiste et conseillère en produits de santé naturels? Que ce rapport étoffé, un juste reflet des urgences en matière agricole, soit vraiment lu, entendu et appliqué dans des délais raisonnables. Si cela se fait, ce sera un pas important pour une meilleure santé pour le Québec, sa terre et ses habitants, car comme le dit si bien le grand gastronome philosophe Brillat-Savarin : « La destinée des nations dépend de leur (agri?) culture et de la manière dont elles se nourrissent ».
Par Anny Schneider