Tourisme durable : promoteurs et consommateurs sont prêts à faire autrement

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Par Sylvie Rivard

Mots clés : Développement durable, tourisme durable, crise économique, conscience verte

Les invités de marque se succèdent au Symposium international sur le développement durable du tourisme, qui se tient actuellement à Québec. Constats et réflexions de ceux et celles qui regardent évoluer l’industrie.

La journée d’ouverture a été marquée par le discours de la Ministre québécoise du Tourisme, Nicole Ménard, qui a réitéré l’engagement de son gouvernement dans des projets viables et respectueux de l’environnement et des sociétés d’accueil. Selon Mme Ménard, en raison de l’abondance de ses ressources naturelles et culturelles, le Québec est privilégié et compte parmi les chefs de file des changements de l’industrie touristique. La Ministre a rappelé qu’en 2005, la Politique touristique a constitué le premier jalon d’une stratégie qui assurait que le tourisme serait un secteur en croissance qui respecte les ressources et les communautés. La Ministre a également cité la nouvelle Stratégie de développement durable et de promotion des croisières internationales sur le fleuve Saint-Laurent. Les six escales identifiées dans cette stratégie devront respecter des critères précis destinés à assurer la protection des environnements sensibles, comme à l’île d’Anticosti et aux Îles-de-la-Madeleine. Enfin, selon madame Ménard, « le Plan nord, dont les importantes initiatives touristiques devront assurer la pérennité des ressources, mettra en valeur les cultures et garantira le bien-être des communautés ».

Créativité, innovation, recyclage

Évidemment, il a été beaucoup question de la crise économique. Michel Archambault, directeur de la Chaire de tourisme Transat à l’Université du Québec à Montréal, a posé la question qui préoccupait tous les participants : face à la crise, doit-on mettre le développement durable de côté? « Nous sommes dans une période de changement. Après la mondialisation, qui a vu naître les produits et services de masse, nous assistons à une phase de déglobalisation, à un retour à l’authenticité, au pouvoir de l’individu », répond M. Archambault. Selon l’économiste et professeur, le grand défi des dix prochaines années sera de recycler les ressources que le tourisme a utilisées. Pour y arriver et pour générer des retombées économiques viables, il faudra user de créativité, stimuler l’innovation, utiliser les médias sociaux, bref, faire autrement, en coopérant davantage les uns avec les autres.

Évolution de la conscience verte

Francesco Frangielli, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme, récemment « retraité » (le monsieur demeure très actif), a dressé un portrait de l’évolution du concept de tourisme durable depuis sa première apparition, dans les années 1990. Selon M. Frangielli, « le tourisme est tellement lié aux dimensions sociale, environnementale et économique du développement que le concept de développement durable aurait pu être créé tout exprès pour lui ». Au fil des années, le tourisme durable a présidé au développement de l’écotourisme, et il est devenu un outil essentiel de lutte contre la pauvreté. Aujourd’hui, il se préoccupe aussi des conséquences des changements climatiques dont il est à la fois responsable (5 % des gaz à effet de serre mondiaux sont directement liés au tourisme) et victime, puisqu’il subit les aléas du réchauffement avec moins d’enneigement dans les stations de ski, la perte de biodiversité et, dans certains pays, des conflits d’utilisation de l’eau.

De son côté, Costas Christ, éditeur du magazine National Geographic Adventure a livré une réflexion sur l’évolution de la conscience verte, un phénomène qu’il a observé de près puisque le journaliste a également été l’un des membres fondateurs de la Société internationale d’écotourisme, au début des années 1990. « Le tourisme durable n’en est plus à l’étape de l’expérimentation puisque plus d’une centaine de grandes entreprises ont pris le virage ». C’est le cas du Groupe Marriott, qui s’est doté d’un plan d’actions en vue de réduire l’empreinte écologique de ses établissements hôteliers, en plus d’injecter, en février 2009, deux millions de dollars pour la création d’une fondation vouée à la conservation de la forêt amazonienne. Costas Christ note aussi un changement de comportement chez les consommateurs : «  Ils recherchent de plus en plus une destination authentique et intègre, et de petits hôtels de charme ».

L’éditeur ajoute que la crise sera une bonne occasion de prendre le virage vert. « Le voyage fait partie de notre humanité et l’Homme continuera toujours à voyager », conclut-il. Pour y arriver, il faut agir. Maintenant.

Demain nous vous présenterons quelques stratégies éprouvées pour devenir une communauté viable.

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