Par Chantal Gailloux À lire également : Les Premières Nations seront absentes des consultations du projet de loi sur les mines
Mots-clés : mines, barrages hydroélectriques, Caravane solidaire, Premières Nations, Comité pour les Droits Humains en Amérique Latine
Alors que Dorval Brunelle, directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM), dénonce la politique commerciale dominante qui mène à l’absence d’implication des citoyens, Lucie Sauvé, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative à l’environnement énonce un certain nombre de similarités entre le développement des deux Amériques. « Au Nord comme au Sud, il y a la même aliénation des populations, la même destruction des écosystèmes, la même atteinte à la démocratie représentative et la même collusion politico-économique, dit la chercheure associée au réseau DIALOG sur les questions autochtones. Ce sont les mêmes arguments fallacieux utilisés au nom du développement. » Le Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, croit quant à lui que, tant au Sud qu’au Nord, le déséquilibre socioéconomique, la négation des droits ancestraux et la faiblesse du processus de consultation des mégaprojets portent préjudice aux Autochtones. « Nous sommes accusés d’être des anti-développeurs, dit-il, mais nous cherchons, au contraire, à être parties prenantes du développement en étant intégrés au processus décisionnel. » Des actions solidaires et une mobilisation s’ensuivront, espère la délégation de femmes latino-américaines qui organisaient l’événement avec l’aide du Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL). De fait, plusieurs multinationales canadiennes sont à l’origine de mégaprojets miniers et hydroélectriques en Amérique du Sud. Par exemple, Barrick Gold Corporation et son projet Pascua Lama à la frontière du Chili et de l’Argentine, NewGold à Cerro San Pedro au Mexique et Manhattan Minerals Corporation à Tambogrande au Pérou ont toutes en commun de creuser les sous-sols latino-américains pour en exploiter l’or. « Décidément, les droits humains sont ouvertement bafoués par les gouvernements ici, au Canada, et ailleurs en Amérique », conclut le Chef régional de l’APNQL, Ghislain Picard. Déjà à sa cinquième édition, la Caravane solidaire a sillonné, du 9 au 27 mars, les villes de Québec, Gatineau, Ottawa, Sept-Îles, Kahnawake et Betsiamites pour culminer la fin de semaine dernière, à Montréal, avec le colloque Plan Nord, Plans Sud : mêmes menaces – Mines et barrages hydroélectriques dans les Amériques.
À surveiller dans l’actualité…
Lucie Sauvé part en guerre contre l’exploration du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Quand elle a vu la machinerie lourde par la fenêtre de sa maison, un cri d’alarme a pu être entendu, ou plutôt lu. « Je me suis demandée si c’était le syndrome du ‘’pas dans ma cour’’, mais j’ai constaté que la ‘’cour’’ est à la grandeur du Québec avec les quelque six cents permis d’exploration des gaz de schistes qui ont déjà été octroyés », disait-elle au colloque, vendredi matin.
Ghislain Picard, chef des Premières Nations du Québec et du Labrador, attire l’attention sur Schefferville où l’exploitation du fer a battu son plein entre 1954 à 1982 (28 ans). Trente-cinq pourcent du minerai auraient alors été exploités. Avec la nouvelle remontée des prix des métaux, le chef croit que les yeux se riveront à nouveau sur la mine de Schefferville. Les entreprises de New Millenium Capital et Labrador Iron Mines ont d’ailleurs déjà approché les communautés innues de Schefferville et de Sept-Îles-Maliotenam.
Deux projets de loi concernant les mines ont été déposés à la Chambre des communes du parlement du Canada. Le c-300, proposé en février 2009, vise à responsabiliser les entreprises canadiennes d’exploitation de ressources naturelles installées dans les pays en voie de développement. Quant au projet de loi c-9, discuté hier en chambre, propose de faciliter l’approbation des mégaprojets en assouplissant les évaluations environnementales.
Liens intéressants :
|