Opinion – La dépossession tranquille : le Forum québécois sur l’eau et la course à l’exploitation des ressources naturelles du Québec

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Par l‘Association québécoise pour le Contrat mondial de l’eau, Ambioterra, l’AQLPA, le Conseil des canadien, le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Maître chez-nous 21e siècle, le Mouvement écologique mathalois, l’Union paysanne.


Les 25 et 26 octobre prochains aura lieu à Montréal le Forum québécois sur l’eau, à l’initiative du journal Les Affaires : À quoi peut-on s’attendre de ce Forum?

Le programme de ce forum pose d’entrée de jeu la question : l’eau, ressource naturelle à protéger ou richesse à exploiter? La réponse du journal Les Affaires à cette question semble déjà trouvée. La succession des blocs thématiques débutant par  «À qui appartient l’eau et quelles valeurs y sont rattachées?» met la table pour l’ultime table ronde intitulée : «Comment le Québec peut-il tirer profit de cette richesse collective?»… le mot magique est lancé qui, depuis quelques temps, semble bien être la réponse définitive à tous les enjeux : s’il y a du profit à faire on y va, peu importe le prix à payer par ailleurs.

En fait, ce Forum s’inscrit dans un contexte bien précis, celui d’une course aux ressources naturelles  qui domine le paysage québécois ces dernières années. Les forces en présence : le milieu des affaires qui souhaite exploiter les ressources et reçoit systématiquement l’aval du gouvernement sans débat public, et la population québécoise qui se mobilise contre les projets non valables  lorsqu’elle prend conscience de ce qui se trame… sommes-nous bien en démocratie???

Voici une liste non exhaustive de «projets de développement des ressources» qui traduisent tous la dépossession au profit de l’entreprise privée plutôt que l’appropriation du développement par et pour les populations locales:

– Une mine d’uranium à Sept-Îles, malgré l’opposition de la population et même des médecins qui durent menacer de démissionner s’il n’y avait pas de moratoire sur l’exploitation d’uranium;

– Une mine d’or à Malartic, où la compagnie a commencé les travaux avant d’avoir son certificat d’autorisation et a même déménagé une partie du village avant les audiences du BAPE;

– Une orientation vers l’exploitation des gaz de schiste prise sans aucune consultation publique et dont  le mandat tronqué des audiences actuelles du BAPE ne permet aucunement de remettre en question.

– Le maintien d’un régime forestier orienté vers les intérêts de la grande entreprise plutôt que vers l’épanouissement des communautés locales.

Dernière initiative en date, le «Forum québécois de l’eau» organisé par le journal Les Affaires  vise clairement à poser des questions auxquelles la population québécoise a déjà répondu NON lors des consultations du BAPE en 2000 : non à l’exportation massive de l’eau, non à la marchandisation de l’eau et à contrario : oui à la protection de l’eau pour les générations futures, oui à la protection des écosystèmes et oui au droit d’accès à l’eau.

La population peut donc se poser la question : quel est la légitimité du milieu des affaires de définir ainsi l’ordre du jour des enjeux de l’eau au Québec et ce, 10 ans à peine après la tenue d’une vaste consultation publique qui pour une fois avait respecté les conditions d’un véritable débat et d’une participation citoyenne effective? La réponse est : le milieu des affaires n’a aucune légitimité pour ce faire.

L’agenda citoyen serait plutôt le suivant : pourquoi la mise en œuvre des orientations qui avaient été mises de l’avant en 2000 n’est toujours pas réalisée? Pourquoi le gouvernement du Québec n’a-t-il pas adopté les budgets et la réglementation qui doivent découler de la Politique de l’eau?  Comment le gouvernement entend exercer ses responsabilités de protection de l’environnement et de l’approvisionnement en eau pour les populations tout en autorisant  l’exploitation des gaz de schiste? Nous n’avons aucunement besoin d’un «Forum du monde des affaires sur l’eau» pour répondre à ces questions :  elles interpellent tout simplement la responsabilité des élus qui sont sensés nous représenter!

Il importe donc de disposer immédiatement de la prétention des organisateurs de ce Forum à s’auto-instituer comme lieu de débats sur la gestion de l’eau au Québec dans les années à venir : cette proposition est nulle et non avenue. 

Nous répétons : sommes-nous bien en démocratie?

Tous ces projets d’exploitation des ressources ont en commun la dépossession : de la ressource d’une part, dont les bénéfices se transformeront en profit pour les entreprises; des choix de développement économique d’autre part sur lesquels les populations ne semblent plus avoir rien à dire … dépossession en somme des décisions quant à notre avenir collectif!

Poser la question c’est donc y répondre : non, nous ne sommes plus en démocratie!

Mais la forêt, le sol, le sous-sol, ne sont pas que des «ressources à exploiter» et à «mettre en valeur» pour et par les boursicoteurs. Il en va du pays, du territoire et des promesses d’avenir que nous devons proposer à nos descendants. En ce qui concerne tout particulièrement l’eau, JAMAIS nous n’accepterons que l’avenir de cette ressource vitale  soit déterminé par les milieux d’affaires, pas plus que notre avenir collectif !

Que les Caillé, Cosgrove, F. Pierre Gingras et autres marchands d’illusions se le tiennent pour dit!

 
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