Vent de révolte paysanne en Montérégie Sud

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Par Anny Schneider, Écolo–Solidaire de Shefford, Montérégie est



Lundi soir passé, le 7 février, j’ai eu un coup de fil de mon homme politique favori, qui me proposait une mission spéciale dans une cause écono-écologique très importante. Notre duo de choc solidaire était mobilisé à Québec pour le dépôt de  la pétition anti-gaz de schiste (146 000 noms, yé!), autre cause cruciale pour l’avenir environnemental du Sud du Québec.

Alors, une fois de plus, après évaluation de la situation, comme écologiste motivée sans frontières, j’ai accepté la mission.

Grâce au téléphone et au Web, je me suis informée plus avant des enjeux complexes mais fascinants de cette sordide saga écono-environnementale cousue de fils blancs, qu’heureusement quelques sages qui ont vu pleuvoir, ont su dénouer et dénoncer à temps.

De plus, j’ai été éclairée en route par mon charmant chauffeur philosophe, fourni pour le voyage, très périlleux en raison de la poudrerie pire sur les petites routes glacées, en raison du manque d’arbres trop rares dans cette contrée.

 

Mais qu’est-ce qui se passe exactement dans le sud de la Montérégie?

En premier lieu, la multinationale britannique TCI Renewable et la compagnie Venterre de l'Alberta ont répondu en douce au deuxième appel d'offres d'Hydro-Québec pour la fourniture d'énergie éolienne. Presque clandestinement, les deux compagnies ont négocié des contrats avec des cultivateurs disposés à accueillir les robots géants, puis avec le conseil municipal. Tout cela à l'insu total des citoyens. Une fois leurs filets bien tendus, Hydro-Québec a retenu leur projet pour étude ultérieure, c'est-à-dire que, pour la forme, le projet doit encore être étudié par le BAPE et par la régie de l'énergie. En cas de feu vert, la centrale plantera 21 éoliennes de 139 mètres de haut à Saint-Valentin et 4 à Saint-Paul-de-l'Île-aux-noix, le village voisin.

Tout cela a donc commencé dans le charmant village de Saint- Valentin, à la page ces jours-ci. Par les temps qui courent, hélas, les seules marques d’amour ne viennent que de la solidarité remarquable entre les élus et les citoyens des villages des alentours!

Autre accroc à la démocratie, les promoteurs, les élus de Saint-Valentin et Hydro-Québec s'étaient bien gardés d'apporter une précision capitale : les 25 éoliennes ne seraient pas seules. Elles seraient accompagnées d'un nombre égal de grands pylônes pour raccorder les machines à vent au poste de transformation de Napierville, autre village voisin.

Ces pylônes – des structures de 34 mètres de haut – vont à leur tour massacrer les terres et les paysages de 3 villages : Saint-Valentin, Saint-Cyprien et Napierville. Tout cela fut orchestré en catimini en coulisses avec un maire véreux, évincé pour ces raisons aux dernières élections.

En parallèle, un deuxième projet guette le village de Saint-Cyprien, celui-là financé avec de l’argent pas net,  issu de casinos autochtones Mohawks (mais non, nous n’avons rien contre les Autochtones honorant leur culture, au contraire !). Suprême accroc à la démocratie : les autochtones ne sont pas soumis aux règles habituelles de la consultation et de l'accord avec les élus et la population. Eux se sont fait reconnaître le droit de s'installer où bon leur semble sans égard à la volonté des populations « hôtes ». Alertée au sujet de cette discrimination fondée sur la race, la Commission des droits de la personne a refusé de s'en mêler.

Donc, ce mardi 8 février vers 18 h 30, devant le golf de Saint- Cyprien, malgré le blizzard intense, nous avons vu une centaine de citoyens armés de pancartes rigolotes, mais parlantes, devant une dizaine de tracteurs tous phares allumés. Puis, pour la conférence de presse, nous sommes entrés dans une salle bondée de citoyens gelés mais déterminés et souriants. 

En avant, nous avons entendu les organisatrices, quelques femmes très articulées, comme c’est souvent le cas dans ces causes, nous rappeler les enjeux.

Ce qui est formidable, c’est de voir pour une rare fois, un grand nombre d’agriculteurs réunis dans une cause qui, à première vue, pouvait leur rapporter quelques redevances sonnantes, mais qui ont pris le temps de questionner la chose plus avant

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Lors de la conférence de presse du 8 février 2011.

 

 

Gens de la terre qui ont vu pleuvoir…

Il s ‘agit d’agriculteurs avisés et de citoyens amoureux de leur terroir, qui échaudés, se souvenaient de ces sombres épisodes passés : saga des megas-porcheries, fuites d’ammoniac de Synagri, Raffineries Napierville ayant pollué la nappe phréatique etc.

Tout de même, il est étonnant de voir une coalition de cinq maires et de la plupart de leurs conseillers, se dresser contre des « joint-ventures » douteuses, formée qui d’une grande firme albertaine d’éoliennes, qui de certains Mohawks connus pour s’enrichir dans les casinos et faire la loi dans leur communauté. Sans oublier l’Hydro, planifiant sournoisement de dresser des giga–pylônes pour accommoder des mega-éoliennes,  tout ça pour brader de l’électricité aux USA voisins.

Charmant, tout ce beau monde réuni en PPP très payant, se « splittant » les profits des hydro-dollars. Le tableau était  trop clair et les gens ont vite fait les liens, trop mauvais choix de partenaires…

Comme le montre ce dossier, pourtant  relatif à une énergie alternative valable et privilégiée même par les Solidaires, l’éolien n’est pas toujours aussi bleu-vert qu’il n’y paraît à première vue. Il faut étudier chaque projet au cas par cas, et celui-ci est un bon exemple – repoussoir sur le peu de respect du bien commun. 

 

Anny Schneider lance le slogan :
« Pas d'éoliennes industrielles dans le garde-manger du Québec!» 

 

Saine solidarité citoyenne

Ainsi, à Saint-Cyprien sur l’estrade, nous avons entendu des maires et mères sages, et leur fils et filles, s'exprimer avec une volonté ferme de garder leur environnement indemne et garantir la paix et la santé de leurs concitoyens. Aussi, ils ont manifesté le souci de préserver la si rare bonne terre arable, de leurs grands jardins maraîchers qui nourrissent la moitié du Québec l’été.

Bien sûr, après une bonne journée d’ouvrage, se garder le droit légitime d’entendre le chant des grenouilles ou des grillons, sans le chuintement constant des grosses pales, ni de subir de bombardements d'ondes électromagnétiques qui, en fin de compte  ne profitent qu’à des intérêts  de passage mal venus et mal répartis…

Nous aussi, par solidarité citoyenne montérégienne,  avons exprimé nos encouragements à haute voix. Leur argument majeur tient dans ce slogan : « Pas d'éoliennes industrielles dans le garde-manger du Québec! » Que ça faisait du bien à entendre et voir!  Ah oui : l'Hydro, gros protagoniste du projet, montrant son égard pour les citoyens, premiers concernés, a annulé la réunion deux  heures plus tôt. Pas les opposants ni Radio Canada local, heureusement!

Vous souhaitez plus d'informations? Visitez le http://le-vent-tourne-blogspot.com/!

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