Par François René de Cotret
Croissance sans développement Le projet de 80 milliards de dollars est trop ambitieux par rapport à la démographie québécoise, a dénoncé M. Proulx : « On va assister à une forte croissance du Nord sans le développement équivalent ». En guise d’exemple, il a précisé que les entreprises établiront des camps de travail qui dureront uniquement pour le temps de l’exploitation.
Le docteur en sociologie et professeur à l’Université du Québec à Rimouski, Bruno Jean, a soulevé le problème démographique lors de la conférence : « Qui va aller travailler dans le Nord alors qu’il y a plus d’emplois ailleurs, entre autres dans le Bas-Saint-Laurent à cause des retraites? » À ses yeux, « il est clair que le Québec devra s’ouvrir à l’immigration internationale » pour trouver la main d’œuvre nécessaire au développement du Nord québécois. Il y aura certes des ouvriers québécois qui migreront au Nord pour le travail, mais ces derniers « n’y déménageront pas », a assuré M. Jean.
Bruno Jean(À gauche) et Marc-Urbain Proulx
Tous droits réservés. François René de Cotret Entreprises étrangères affamées Les pratiques des entreprises étrangères associées au Plan Nord sont aussi un facteur nuisible au développement durable du Nord-du-Québec et du reste de la province. M. Proulx a assuré que « le Québec devra trouver des mécanismes pour s’impliquer dans les projets privés du Plan Nord » afin de retenir une partie de la manne. Obliger les entreprises étrangères à construire un siège social à Montréal ne suffira pas. « Elles construiront un petit siège social à Montréal pour y placer 2-3 employés », a-t-il exprimé. Pour ce qui est du vrai siège social, « il sera ailleurs qu’au Québec ». Les avertissements de M. Proulx quant au Plan Nord ne sont pas nouveaux. En 2010, il a écrit une lettre d’opinion publiée au journal Le Devoir dans lequeil il mettait en garde contre l’appétit du secteur privé : « Si la rentabilité du secteur privé est nécessaire, les rentrées fiscales des gouvernements supérieurs le sont aussi ». Selon lui, « il ne s’agit pas seulement d’exploiter le Nord, il s’agit aussi de définir adéquatement les modalités de répartition de la richesse créée par la valorisation optimale et durable des ressources nordiques ».
La métapole comme alternative Outre le Plan Nord, la diffusion de la nouvelle forme urbaine québécoise permettrait aussi de revitaliser l’arc nord québécois. La métapole québécoise, liant les grands centres de l’Outaouais à Charlevoix à l’aide du développement manufacturier (voir le croissant manufacturier en orange sur la carte), peut être encadrée selon M. Proulx. « Les quatre voies de la route 175 » vers le Saguenay–Lac-Saint-Jean sont un bel exemple d’un incitatif pour attirer le développement métapolitain plus au Nord, a-t-il précisé. |