Par François René de Cotret
Mots-clés : Traverse pour animaux, route 175, kilomètre 112, caribou forestier, Yves Bédard, ministère du Transport du Québec Si le gouvernement accepte le projet, « [la traverse aérienne pour animaux]créerait un précédent au Québec », affirme le docteur en sciences de l’environnement au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF), Christian Dussault, en entrevue téléphonique avec GaïaPresse. « Ce serait, ajoute-t-il, un point de départ pour mieux réfléchir les nouvelles infrastructures routières québécoises. » Pour l’instant, il n’y a aucune traverse aérienne au Québec pour relier les habitats sauvages fractionnés par le réseau routier. Bien que des passages sous les routes existent, certains secteurs, tels que le kilomètre 112 de la route 175 vers Saguenay, ne le permettent pas. À cause de la topographie particulière à cet endroit, y aménager une traverse souterraine est impensable, et serait tout aussi coûteux, sinon plus, qu’une traverse aérienne, selon M. Dussault. Ce dernier explique que le but principal de ladite traverse – qu’il estime à plusieurs millions de dollars – serait de diminuer significativement les collisions entre cervidés et véhicules, chiffrées à environ 70 par année dans le secteur. Deuxièmement, ajoute-t-il, ce serait pour protéger une espèce vulnérable, le caribou forestier de Charlevoix. En 2008, le MRNF en avait recensé 84 dans la région.
M. Dussault confie par ailleurs que le biologiste Yves Bédard, considéré comme la référence en écologie routière au ministère des Transports du Québec (MTQ), a déjà présenté au gouvernement différentes solutions relatives au kilomètre 112. Malheureusement, M. Bédard ainsi que les relationnistes du MTQ ne sont pas en mesure de donner des explications sur le sujet.
La France donne l’exemple Toutefois, l’homologue de M. Bédard au ministère français de l’Écologie et du Développement durable, l’ingénieur écologue Jean Carsignol, a pu échanger avec GaïaPresse le 25 mai alors qu’il participait à un colloque québécois traitant justement de l’impact de la route 175 sur le caribou forestier et l’orignal. Abordant un possible partenariat entre la France et le Québec, l’homologue français a confirmé l’intérêt de M. Bédard pour les traverses aériennes : « J’ai eu l’occasion de [le]recevoir à plusieurs reprises en France. Il est venu visiter nos aménagements routiers ». Selon M. Carsignol, il est normal que le Québec s’inspire de l’Hexagone, car ce dernier est en avance de plusieurs années en matière de traverses aériennes pour animaux. En France, les efforts pour tenir compte des espèces et habitats naturels dans l’aménagement du territoire ont commencé en région dans les années 60 pour ensuite être encadrés par les départements et, ultimement, par le gouvernement. En 2007, l’État français a adopté des lois pour rendre obligatoire la construction d’un réseau écologique, nommé la Trame Verte et Bleue. De surcroit, en 1995, tenant compte des espèces migratrices au-delà des frontières étatiques, la France ainsi que 46 autres pays de l’Europe ont inauguré le réseau écologique paneuropéen. « Le problème en France, mentionne M. Carsinol, c’est que le réseau n'est pas protégé; on doit simplement en tenir compte dans les aménagements. » En somme, l’ingénieur espère que les décideurs seront des gens écoresponsables qui prendront bien en compte la Trame Verte et Bleue. Pour le moment, ça semble être le cas : le gouvernement français travaille depuis quelque temps sur une traverse pour animaux surplombant l’autoroute reliant Lauterbourg et Strasbourg. La valeur du projet? Quelque 2,7 millions d’euros. Quant à la route 175, la décision du gouvernement du Québec devrait être annoncée prochainement selon M. Dussault. |