En route vers la biométhanisation

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Par Stéphane Gagné

Mots clés : biométhanisation, biogaz, compost, digestat, Saint-Hyacinthe, Gatineau, Montréal, Rivière-du-Loup

 

Mars 2011. Une équipe intéressée à la gestion des déchets visiteles installations de biométhanisation de la Ville de Saint-Hyacinthe. En opération depuis la fin janvier 2010, le site qui comprend trois digesteurs anaérobies est une première au Québec. Situés sur le site de l’usine d’épuration de la municipalité, les équipements permettent de détourner de l’enfouissement 13 500 tonnes de boues d’épuration par an, d’en faire du biogaz, un carburant semblable au gaz naturel, et du compost qui sera utilisé en agriculture. Montréal et Rivière-du-Loup, entre autres, ont des projets semblables sur la planche à dessin et d’autres municipalités suivront. La province entre définitivement dans une nouvelle ère, celle de la biométhanisation et du compostage à grande échelle.

Dans la foulée de la présentation de la nouvelle Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 2010-2015,  le gouvernement a annoncé en février 2010 un investissement de 650 millions de dollars afin de permettre la réalisation de projets de biométhanisation et de compostage.

 

Vue des trois digesteurs construits sur le site de l’usine d’épuration de Saint-Hyacinthe. Les équipements manufacturés par l’entreprise allemande Lipp, ont été vendus par Bio-Méthatech, une entreprise québécoise qui possède une licence de vente de cette entreprise. Michael Brown, directeur du développement de Bio-Méthatech, affirme avoir que plusieurs autres municipalités québécoises sont intéressés par ses digesteurs de même que des entreprises alimentaires.

Tous droit réservé. Stéphane Gagné

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La biométhanisation est un procédé de traitement des matières putrescibles par fermentation sans oxygène qui s’effectue dans un digesteur anaérobie. Au terme du procédé, on obtient du biogaz, qui peut être utilisé pour remplacer des carburants, et le digestat, qui peut servir de fertilisant ou être transformée en compost. « Le programme vise le détournement de 60 % des matières putrescibles produites dans les foyers québécois cela, peu importe l’approche choisie, la biométhanisation ou le compostage, affirme Andrée Gendron, chef de la division des stratégies de valorisation au Service des matières résiduelles et des lieux contaminés au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP). C’est aux municipalités de choisir le type de traitement qu’elles jugent le plus approprié. » Cependant, le programme subventionne davantage la biométhanisation (66 % des coûts) que les projets de compostage (50 % des coûts).

Par exemple, à Gatineau, les élus ont porté leur choix  sur le compostage, faute de marché pour le biogaz qu’une usine de biométhanisation produirait.

 

Saint-Hyacinthe se lance dans l’aventure

Au contraire de Gatineau, Saint-Hyacinthe a vu dans la biométhanisation un grand avantage économique. « La transformation de nos boues d’épuration en biogaz et en digestat nous a permis de réduire nos coûts de transport et d’éliminer nos coûts d’enfouissement, affirme Pierre Mathieu, chef de la division de traitement des eaux de la Ville de Sainte-Hyacinthe. » Auparavant, la Ville enfouissait ses boues à 100 $ la tonne à Saint-Rosaire, à plus de 100 km de la Ville. Il en coûtait 1,3 million de dollars par année à la municipalité pour gérer ses 13 500 tonnes de boues.

La ville croit tellement à ce procédé qu’elle amorce une phase II sur le même site, au coût de 47 millions de dollars. « Nous allons recueillir les bacs bruns des municipalités des MRC des Maskoutains et d’Acton et les transformer en biogaz et en digestat dans cinq nouveaux digesteurs et deux hydrolyseurs. » La municipalité n’attend que le certificat d’autorisation du MDDEP pour aller de l’avant. Une formalité, selon M. Mathieu.

Selon M. Mathieu, il ne fait aucun doute que les marchés existent pour les deux produits . « Une partie du biogaz servira à alimenter notre séchoir de digestat liquide et l’autre sera acheminé dans le réseau de Gaz Métropolitain. Nous avons une entente avec l’entreprise à

ce chapitre. Pour ce qui est du digestat, nous sommes en ce moment en négociations avec des entreprises productrices d’engrais, intéressées à nous l’acheter », précise-t-il.

 

 

Vue du séchoir qui sert à sécher les boues humides provenant de l’usine d’épuration. Elles peuvent ensuite être utilisées comme fertilisants.


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L’expérience de Rivière-du-Loup

La région de Rivière-du-Loup croit aussi au grand potentiel de la biométhanisation.

Des entreprises privées et des organismes publics ont même créé le Réseau d'expertise et de développement en biométhanisation (REDB) dont l’objectif est de soutenir les activités de recherche et de développement des membres. Une des hypothèses étudiées : la possibilité de produire du biodiesel à partir des déchets d’usines de transformation de porcs. La Ville devrait avoir ses installations de biométhanisation à la fin de l’été 2012. Et les responsables n’ont aucune crainte au sujet du marché du biogaz : « Le biogaz va compétitionner avec le diesel et sera même moins cher que ce carburant », affirme Dominic Lapointe, directeur du développement au REDB.

Qu’adviendra-t-il si le Québec devient producteur de gaz de schiste et de pétrole? Le biogaz pourra-t-il demeurer concurrentiel ? Cela n’inquiète pas M. Lapointe. « Le prix de pétrole est fixé sur les marchés internationaux et demeurera élevé, ce qui avantagera le biogaz », dit-il. 

Si le développement de la filière de la biométhanisation se déroule comme prévu, Andrée Gendron du MDDEP prévoit qu’en 2015, cela aura permis de réduire une quantité significative de gaz à effet de serre équivalent au retrait de 52 000 voitures de nos routes.  

 

Pour plus d'informations

http://www.mddep.gouv.qc.ca/programmes/biomethanisation/index.htm

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