Par Lauren Rochat
Mots clés : monnaie complémentaire, finance, développement local, banque, Palma, Wir, Melo
L’instigateur du projet, Joaquim Melo, part d’un constat simple : « Nous sommes pauvres parce que nous perdons nos économies personnelles en faisant nos achats à l’extérieur de notre quartier ». Des microcrédits sont accordés aux entrepreneurs et les incitent à se développer localement, car la monnaie a une valeur uniquement dans le quartier. Grâce à ces emprunts disponibles, de nombreuses petites entreprises voient le jour. Aujourd’hui, la favela comporte plusieurs petites entreprises, telles que « Fashion Palma », ou inaugure chaque année sa « semaine de la mode ». De plus, les magasins locaux fidélisent leur clientèle par des avantages lorsque cette monnaie est utilisée. Lorsque le projet a vu le jour, de nombreuses réticences provenaient du gouvernement, voyant d’un mauvais œil cette économie parallèle. Or, fort de ce succès, le Brésil compte aujourd’hui plus d’une trentaine de monnaies locales autorisées.
En Suisse, à la suite de la crise de 1929, la Banque Wir (« Nous » en allemand) voit le jour. Aujourd’hui, plus de 60 000 entreprises continuent à utiliser cette monnaie complémentaire lorsque la monnaie étatique est trop instable. Une des caractéristiques fondamentales est l’absence du taux d’intérêt. À chaque paiement effectué par la monnaie Wir se produit un échange de biens et de services entre membres de cette banque, ce qui favorise en retour le développement économique des membres. Par exemple, si l’on veut effectuer un prêt pour construire une maison, les matériaux et les artisans sont payés en monnaie Wir et permettent aux membres d’obtenir des tarifs et des avantages. À travers cet échange économique, un réel apport social a lieu, car chaque associé se soutient mutuellement, ce qui n'est pas le cas pour les monnaies étatiques. Bien que les monnaies alternatives ne remplacent pas celle officielle, elles offrent aux membres de réels avantages lors de périodes économiques difficiles. Par exemple, peu médiatisées, elles assurent une plus grande stabilité locale et sont un réel outil de développement. Janice Perlman disait, lors de la conférence d’ouverture : « Dans chaque ville du Nord, il y a des réalités proches de celles des Suds (sic) ». Bien que les crises financières actuelles soient mondiales, des solutions telles que les banques communautaires permettent d’en atténuer les effets et de repenser le système économique. |